NEW YORK – Le pape François a déclaré dans un important document publié par le Vatican le lundi matin 9 avril 2018 la mise sur un pied d’égalité la prise en charge des migrants et la lutte contre l’avortement. Ce positionnement subtil permet de trouver un bon équilibre entre les branches plus conservatrices et progressistes de l’Eglise catholique. Pour résumer et probablement simplifier, les conservateurs sont attachés surtout à des valeurs morales du christianisme sur la sexualité, la vie et d’autres thèmes “bio-médicaux”. Les progressistes, qui sont plus proche des milieux de gauche, mettent plus l’accent sur la lutte contre la pauvreté, la répartition des richesses et l’accueil des migrants.
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Relativisme
Comme le relèvent les deux grands journaux de New York (The New York Times classé à gauche ou progressiste selon l’analyse américaine et The Wall Street Journal classé à droite ou conservateur selon l’analyse américaine) le 9 avril 2018 et probablement les 2 journaux les plus influents au monde, le pape François veut par ce document lutter contre un certain relativisme. En effet, certains milieux conservateurs estiment par exemple que l’accueil des migrants est un sujet secondaire par rapport aux thèmes “bio-médicaux” comme l’avortement. Autrement dit, ils relativisent le dossier sur la migration. Mais le pape François estime qu’il est possible de lutter contre les 2 fronts. Comme le relève le WSJ, il s’agit d’une critique à moitié cachée du relativisme moral associé aux enseignements du pape Benoît (Benedict en anglais), le pape avant François.
Sujet de division, avortement
L’avortement est l’un des thèmes qui divise le plus les lignes conservatrices (en général contre l’avortement) et progressiste-libérale-libertaire (en général pour laisser le libre choix à la mère). Les grands médias suisses comme Tamedia, Ringier, NZZ et SSR (ex. RTS) sont tous d’influence libérale-progressiste et donc en faveur de l’avortement ou plutôt du libre choix (pro choice, à l’opposé donc du mouvement pro life). C’est pourquoi pour un citoyen Suisse le thème de l’avortement est très peu présent dans les médias, à la différence par exemple des Etats-Unis. Mais rappelons qu’environ la moitié des pays du monde (presque tous les pays musulmans et la majorité des pays d’Amérique latine) interdisent l’avortement. Une autre moitié autorise l’avortement. En France il existe même une loi, selon nos informations, qui interdit le débat sur l’avortement (appelé d’ailleurs de façon subtile IVG) montrant que la France n’est pas un pays totalement libre. Notons qu’il existe des nuances, par exemple le Brésil autorise l’avortement seulement dans certains cas particuliers (hydrocéphalie chez l’enfant à naître par exemple, risque de vie pour la mère). En Argentine, pays d’origine du pape François, le débat sur l’avortement semble resurgir selon un article récent de LA NACION, l’un des deux plus grands journaux argentins.
Le risque de devenir une ONG ?
Le WSJ relève une phrase intéressante du pape François qui a averti des dangers de rechercher des changements sociaux tout en négligeant la prière et la lecture de la Bible. Ces 2 dernières habitudes sont plus ou moins les fondements des milieux évangéliques. Le grand risque pour l’église Catholique (Romanvie.ch en a parlé dans un éditorial), mais aussi d’autres dénominations chrétiennes, est de devenir une grande ONG vidée de son sens. Dans le WSJ le pape explique un sérieux risque pour l’église Catholique et le christianisme en général : “Le christianisme devient ainsi une sorte d’ONG dépouillée du mysticisme lumineux.” C’est une critique que l’apôtre Paul dans ses lettres faisait déjà aux premiers chrétiens.
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9 avril 2018 – Sources : The Wall Street Journal, The New York Times, LA NACION (Argentine). Par Xavier Gruffat (Fondateur de Romanvie.ch). Xavier Gruffat étudie la théologie comme hobby depuis 2016. Crédits photos et infographies : Fotolia.com et Pharmanetis Sàrl