SAO PAULO – Dans certains pays comme l’Allemagne et surtout maintenant le Brésil avec le gouvernement Bolsonaro qui va rentrer en fonction le 1er janvier 2019, la nouvelle mode des conservateurs est d’essayer d’instaurer une école sans parti (en portugais : escola sem partido ou en allemand Neutrale Schulen). Mais de quoi s’agit-il ?
L’idée part d’un constat est que la majorité des enseignants et professeurs d’écoles, gymnases (lycées) ou universités ont une tendance gauchiste voire parfois communiste. Par exemple le choix des livres étudiés à l’école n’est pas toujours neutre. Le personnel enseignant fait aussi dans certains cas des théories socialistes ou anti-religieuses en salle de classe. Parfois les enseignant critiquent les gouvernements conservateurs comme Trump ou Bolsonaro. Avec le système d’école sans parti, les élèves ou parents d’élève auront le droit de dénoncer les enseignants qui ne sont pas neutres idéologiquement, en tout cas selon leur vision du monde.
C’est pourquoi un mouvement plus ou moins global, très fort au Brésil, essaie de réformer l’école en tout cas publique. Le nouveau gouvernement Bolsonaro vient de nommer (novembre 2018) un ministre naturalisé mais d’origine colombienne, Ricardo Vélez Rodríguez. Classé comme conservateur et proche des milieux chrétiens catholiques et évangéliques, il devrait implémenter un système d’école sans parti dans les prochains mois mais pas sans une certaine opposition. Au Brésil, le mouvement a été créé par l’avocat Miguel Nagib.
Bataille entre libéraux/progressistes et conservateurs
Il est évident que les libéraux et progressistes détestent cette idée. Le journal Folha de S.Paulo, grand média libéral/progressiste d’Amérique latine, donne la parole presque tous les jours à des éditorialistes et journalistes critiques du concept de l’école sans parti. Un enseignant a affirmé cette semaine dans un éditorial que ce serait plus ou moins invivable. Si par exemple il parle de Darwin, certains parents évangéliques pourraient se plaindre de manquer de neutralité. La même chose s’il parle de la Bible et des parents athées pourraient eux aussi réclamer. D’autres pensent que l’école dans sa diversité doit permettre de se faire une opinion du monde et laisser la liberté d’expression aux enseignants. Il est évident que les libéraux et surtout progressistes auront probablement tout à perdre d’un système avec école sans parti.
Allemagne aussi
Comme le relève le site chrétien brésilien Gospelprime, l’école sans parti progresse aussi en Allemagne. L’idée semble se développer notamment dans la région d’Hambourg (nord). En Allemagne, l’AfD, parti classé à droit ou à l’extrême droite selon la sensibilité, semble jouer un rôle derrière le concept de Neutrale Schulen, selon le site Gospelprime. Bien sûr, avec l’histoire allemande qu’on connaît tous, chaque décision prise dans ce pays est bien plus sensible que dans des pays qui n’ont pas connu le nazisme. Mais justement l’AfD a lancé cette idée ou un site Internet, car certains enseignants traitent l’AfD en salle de classe de parti nazi, l’AfD voulant se défendre en se définissant probablement plus comme un parti conservateur de droite mais surtout pas nazi. Les personnes liées au gouvernement allemand actuel d’Angela Merkel de la droite libérale comme Katarina Barley, ministre allemande de la justice, se montrent par contre très critiques envers ce système d’école sans parti.
Médias sans parti ?
Peut-être avant de s’attaquer en Suisse à l’école sans parti – qui devrait encore être mieux étudiée probablement avant de se prononcer clairement pour ou contre cette vision du monde – on devrait s’intéresser à créer des médias sans parti en tout cas ceux d’état (SSR avec RTS en Suisse romande, payé par Billag) et sans haine des conservateurs. On en est très loin, par exemple l’émission Médialogue de la RTS d’il y a quelques semaines (novembre 2018) s’est trouvée intelligente d’insulter à l’antenne plus ou moins Christoph Blocher par l’intermédiaire du journaliste et dessinateur de presse Patrick Chappatte sans raison objective. Provocation gratuite, ce genre de comportement devrait être puni par des amendes envers les journalistes, ou alors avoir au moins un droit de réponse de la part de l’UDC. Cela dit, comme Romanvie.ch en a parlé, la SF ou la version suisse allemande de RTS, semble aller dans le sens de médias sans parti. Lire notre article à ce sujet
Et la Suisse romande ? Faisons pression pour que la direction de la RTS suive la même vision que sa soeur SF.
Le 27 novembre 2018 (version de 17h02). Par Xavier Gruffat. Sources : Folha de S.Paulo, Gospelprime. Crédits photos : Adobe Stock, Fotolia