MONTREUX – SAO PAULO – Je lisais cette semaine un article très intéressant dans le magazine brésilien Pequena Empresas & Grandes Negocios du groupe de média Organisations Globo (l’un des 25 plus grands groupes de médias au monde, lire classement ci-dessous). L’article original ne semble pas être de Globo mais racheté probablement à un média américain, en tout cas ce magazine a été bien inspiré de le diffuser dans sa version de septembre. L’auteur original de l’article, Jon Gertner, est bien informé, pour ne pas dire infiltré, dans probablement la plus puissante organisation privée du monde, Google. Le média américain de référence Forbes partage cette vision, vu qu’il place les 2 fondateurs de Google au 9ème rang à égalité des personnes les plus puissantes du monde dans un classement sorti en novembre 2014 avec no1 Putine, no2 Obama, no3 le Président chinois, etc.
Google est une société qui a un peu plus de 15 ans et a déjà un chiffre d’affaires proche de Novartis (plus de 50 milliards de dollars), une entreprise plus que centenaire. Dans quelques années Google Inc. pourrait dépasser la “vieille” Nestlé.
En 15 ans, Google a tout simplement détruit (disruption en anglais) le système classique des médias (une raison pourquoi la presse romande et mondiale va mal, très mal) avec une plateforme de publicité (Google Adwords, Romanvie l’utilise, voir pubs sur la colonne de gauche, en haut et en bas de l’article) basée sur les résultats et non pas ou moins sur la notoriété, pour ne pas dire le copinage, comme c’était le cas avant. Google est désormais le deuxième plus grand groupe médiatique au monde, juste après ComCast (chaînes câblées aux USA, TV NBC), comme l’informe IfM (voir lien ici). En quelques années Google a dépassé les grandes chaînes de TV comme CBS, ABC ou TV Globo au Brésil, qui l’aurait cru en 1995 par exemple ?
Google, l’aimant à talent et l’usine à rêve
Un si grand succès attire les meilleurs talents. Une étude mondiale diffusée en septembre 2014 a montré que Google était la société favorite des étudiants pour travailler, aucune surprise. Des études suisses ont aussi montré que Google était désormais l’une des sociétés favorites pour les jeunes à la sortie de l’université ou des deux écoles polytechniques suisses.
Cela dit le recrutement de talents ne devrait pas se limiter aux licenciés des écoles de “l’élite” suisse (lire fin de l’article). Google reçoit donc des CV “à la pelle” et peut choisir ceux qui conviennent le mieux à sa stratégie. Ils n’ont aucun frais de recrutement.
Le succès de Google, selon moi, ne se limite pas aux salaires qui restent dans la moyenne des grandes multinationales mais plutôt à la capacité à faire rêver la jeunesse. A un certain moment la NASA jouait ce rôle, Nestlé peut-être à une période, mais les innovations radicales de cette entreprise d’origine vaudoise sont minces (à part Nespresso bien sûr) pour une société facturant presque 100 milliards de dollars comme la firme de Vevey.
Google X
Google, la firme de Mountain View dans la Silicon Valley (proche de San Francisco en Californie, Etats-Unis), va beaucoup plus loin que toutes les autres sociétés multinationales (ou presque) du monde. Google a créé il y a quelques années le concept de Google X. C’est-à-dire un système d’innovation comprenant plus de 200 personnes reposant sur la recherche des “atomes”, c’est-à-dire des innovations physiques et pas sur les bytes comme le digital comme l’est Google en général avec son système de publicité (Adwords) plugué au moteur de recherche Google. Google voit donc grand, très grand, comme si les ambitions n’auraient tout simplement plus de limite.
Google X est en train de détruire (ou de préparer) d’autres secteurs entier que les médias comme l’automobile avec Google Car. Les Allemands commencent déjà à avoir peur pour leur secteur automobile, comme informe un article récent et hyper-intéressant (à charge) de The Economist paru début septembre. Autrement dit, les voitures sans pilote appelées Google Car pourraient menacer des marques comme BMW, VW ou Mercedes avec des innovations technologiques radicales, c’est-à-dire une voiture sans pilote reliée à de nombreuses applications (parking, payements, liste de restaurants).
La valeur (et donc les profits) pourrait laisser la belle carrosserie pour se tourner vers des systèmes de réseau comme des applications Google Store (sous Android). C’est un peu la même crainte avec l’industrie horlogère suisse d’entrée de gamme comme Swatch ou Tissot face à la Apple Watch ou les Samsung.
Résultat, quand vous avez 25 ans, préférez-vous travailler chez Nestlé qui va fabriquer du chocolat ou du café, ou vous engager pour une société comme Google que cela soit par les Google Glass, Google Car et toutes les autres innovations voulant changer le monde (ex. accès à Internet par des ballons gonflables) ?
A titre personnel mon choix est vite fait, je préfère Mountain View à Vevey, en tout cas en 2014. La haute direction de Nestlé (le directeur Paul Bulcke est domicilié à Montreux) lira peut-être (mais très probablement non) cet article. Ce que je lui dirai, arrêtez d’engager que des universitaires ou polytechniciens (et j’en suis un), changez vos méthodes en engageant des artistes, sociologues, théologiens, spécialistes de l’intelligence artificielle, restez plusieurs mois à la Silicon Valley, engagez des créatifs, des fous (oui Monsieur le CEO) ! En plus de mener à des grandes innovations, vous arriverez à faire rêver la jeunesse et à attirer les meilleurs talents sans leur donner un salaire supérieur à la moyenne.
Ce sont eux qui changeront le monde et assureront la croissance à la Suisse romande et à Nestlé, pas des gens “normaux” qu’on pourra remplacer bientôt par un robot. L’avenir est donc à la créativité et à des écoles comme Montessori. Découvrez un article sur l’école Montessori
San Francisco, mon amour !
Sinon, je me fais quelques soucis pour les métiers à haute valeur ajoutée de demain en Suisse, qui restera très loin (géographiquement et économiquement) de la nouvelle capitale mondiale : San Francisco bien sûr, siège dans sa région du big 3 mondial (Google, Apple et Facebook).
Le 15 septembre 2014, par Xavier Gruffat – Sources: The Economist, Pequena Empresas & Grandes Negocios
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