BÂLE – L’Australien David Goodall de 104 ans s’est suicidé ce 10 mai 2018 dans une clinique suisse à Bâle. M. Goodall qui a fait le voyage depuis l’Australie où il habitait ne souffrait pas de maladie terminale et avait toutes ses facultés mentales. Il voulait simplement mettre fin à sa vie. Le 9 mai 2018, ce scientifique de formation né en 1914 à Londres a donné une conférence de presse devant de nombreux journalistes en Suisse, certains ont même fait le long voyage depuis l’Australie pour accompagner ce cas. Justement, l’objectif de M. Goodall était d’attirer l’attention dans son pays pour que l’Australie autorise le suicide assisté. Il a justifié l’envie de se suicider, car il n’avait plus toutes ses facultés physiques. Des grands médias internationaux comme CNN, CBS (plus grande chaîne de TV américaine en terme d’audience) ou la Folha de S.Paulo au Brésil, journal le plus influent d’Amérique latine, ont en parlé longuement ce jeudi 10 mai 2018.
Suicide assisté
En Suisse l’équipe médicale prépare le médicament poison, en général une dose élevée de barbituriques (phénobarbital), mais c’est au patient ou dans ce cas à la personne voulant mourir de prendre ce remède mortel. D’où le terme de suicide assisté, si c’était un médecin qui injectait la dose il s’agirait d’un homicide. Il est par ailleurs difficile de trouver en Suisse des médecins voulant pratiquer le suicide assisté. Mais dans le cas de l’Australien, une injection intraveineuse a été préférée à une prise orale, le médecin a préparé et réalisé la piqûre mais M. Goodall a appuyé sur une valvule (pour diluer avec un autre produit) et libérer le poison dans son sang. Le pentobarbital provoque un arrêt du muscle cardiaque et la mort qui s’en suit.
Australie vs. Suisse
En Australie, le suicide assisté est interdit (sauf un état, le Victoria, qui va autoriser le suicide assisté dès 2019 mais sous certaines conditions) alors qu’il est justement autorisé en Suisse depuis des dizaines d’années. De rares autres pays à travers le monde autorisent le suicide assisté comme la Hollande et la Belgique, selon nos informations, ainsi que certains états américains.
En Suisse toute personne saine d’esprit, donc pas forcément malade, et qui a manifesté pendant une certaine période de temps un désir constant de mettre fin à sa vie a le droit de demander un suicide assisté. En Suisse une personne souffrant de dépression n’a pas le droit de se suicider par cette méthode. Dans le cas de cet Australien, une organisation l’a aidé dans ses démarches. Il a passé par deux visites médicales quelques jours avant sa mort le 10 mai 2018. Le coût total de sa mort est estimé à environ CHF 10’000.-, sans compter le voyage en avion depuis l’Australie. La RTS informait dans l’émission de Forum du 9 mai 2018 qu’une recherche de fonds participative (crowd-funding) a été réalisée pour l’aider dans le financement de sa mort planifiée.
Critiques du suicide assisté
En plus de questions religieuses, par exemple la Bible interdit clairement le suicide assisté vu qu’il s’agit d’un homicide (le célèbre commandant : “Tu ne tueras point”), certains milieux séculaires voient aussi cette pratique d’un très mauvais œil, car il peut s’agir d’un chemin plus facile et moins coûteux que les soins palliatifs. Une autre critique est que le patient ou la personne âgée peut se sentir sous pression de mourir afin de ne pas être un poids pour la famille. Les questions liées à l’héritage peuvent aussi poser de sérieux problèmes. Sans compter la difficulté d’établir un diagnostic exact sur la santé psychique de la personne.
Euthanasie
Remarquons finalement que l’euthanasie est différent du suicide assisté. Dans l’euthanasie certaines mesures sont prises par le corps médical pour anticiper ou accélérer la mort du patient, comme par exemple injecter des médicaments mortels ou arrêter certaines machines essentielles pour la survie du patient.
Le 10 mai 2018. Par Xavier Gruffat (Romanvie.ch). Sources : NZZ, Folha de S.Paulo, RTS
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