GENEVE – Il est évident qu’en Suisse La Bible est considérée par la plupart des habitants comme un “vieux livre poussiéreux”. Dans les écoles romandes, beaucoup d’élèves n’ont plus aucune idée du livre le plus vendu au monde et celui qui inspire et surtout a inspiré le plus l’Occident. Autrement dit, les écoliers et étudiants romands sont totalement amputés d’une vaste connaissance. Mais est-ce vraiment de leur faute ? Est-ce la faute des enseignants et ceux qui choisissent le programme ? Est-ce la faute des journalistes qui influencent nos sociétés modernes comme votre serviteur ? En fait, derrière cet état de fait, le coupable vient d’une trop grande rationalisation (la raison) de la société depuis environ 500 ans.
Moyen Âge
Au Moyen Âge, et pour tout vous dire cet aspect n’est pas le plus clair pour moi sur la cause, les intellectuels chrétiens et la société en général ont progressivement commencé à devenir hyper rationnel et enlever la symbologie ainsi que le pathos (émotion). De ce côté le judaïsme est au fond resté plus actuel que le christianisme avec notamment la Kabbale, cela explique peut-être pourquoi beaucoup de Juifs restent fiers d’être Juif, ce qui est de moins en moins le cas des Chrétiens.
Bible littérale
Même si je me définis comme évangélique calviniste, l’analyse purement littérale de La Bible a des limites. Certains passages de l’Ancien Testament indiquent clairement de tuer des femmes adultères ou homosexuels. Aucun pasteur, même extrémiste, va dans cette direction en 2022. Autrement dit, tout le monde injecte un peu de symbolisme dans sa théologie, parfois sans le savoir. Mais ce que je revendique, je ne suis pas le seul, est d’injecter désormais beaucoup plus de symbolisme dans le christianisme et La Bible. Car c’est là le problème, si on est en Suisse dans une société hyper rationnelle et on lit La Bible de façon littérale, cela rend de facto le livre poussiéreux pour la plupart des lecteurs. Par contre si on fait soi-même l’effort de devenir plus “conservateur” et donc de voir les choses davantage sous un angle symbolique, alors La Bible devient une véritable révélation et revient de facto le meilleur livre de toute l’histoire humaine, sans aucun doute (les chiffres le montrent d’ailleurs).
Moins de poussière
Car le grand avantage d’une analyse plus jungienne du sacré, sans aller jusqu’à une extrême de penser que Dieu est une invention (nécessaire) de notre cerveau, permet d’être beaucoup plus inclusif dans la diffusion et l’explication de La Bible. Autrement dit, et c’est très important, enseigner obligatoirement La Bible aux élèves romands, n’est plus un acte d’évangélisation mais a un pouvoir civilisationnel. Cela nous aide à comprendre les grands mythes fondateurs.
Conservatisme
Une base du conservatisme, très bien décrite par Roger Scruton, est de revenir à la nature, aux lois de la nature, à une logique historique des choses. Il dit clairement que la seule raison ne permet pas de tout expliquer, pensons au dilemme du prisonnier. Je développerai certaines idées dans un livre à venir (si un jour quelqu’un veut bien me publier, ou sur Amazon en texte auto-publié).
Raison, crime contre l’humanité
Si on veut rester dans le domaine de la raison, on peut se rappeler de la célèbre phrase du philosophe Immanuel Kent : “L’existence de la Bible, comme livre pour le peuple, est le plus grand bénéfice que la race humaine n’ait jamais expérimenté. Toute tentative de mépriser cela…est un crime contre l’humanité”.
Le 15 octobre 2022. Par Xavier Gruffat.
