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EDITORIAL, pourquoi les blancs américains votent Trump ?

Publié en mars 2016 sur Romanvie.ch

san-francisco-homepage-ACR-2015SAN FRANCISCO – LAS VEGAS – Pour vivre depuis plusieurs mois aux Etats-Unis, dans la région de San Francisco (Californie), je commence à mieux comprendre pourquoi un nombre important de blancs votent pour Donald Trump. Il y a plus de 20 ans, ma famille et moi avons échangé notre maison entre Montreux et une famille de la région de Boston (côte est). Cette famille blanche était riche, c’est-à-dire gagnait plus de USD 200’000 par année. Je me rappelle exactement qu’ils avaient dit, lors d’une courte discussion qu’on avait eue à Montreux pendant un chaud été à la fin des années 1990, que les Etats-Unis ne fonctionnait pas bien à cause de quotas pour les minorités ethniques comme les noirs et les hispaniques. Autrement dit, comme blancs ils se sentaient comme une “minorité” et trouvaient cette situation injuste.

A cette époque je penchais plus à gauche et j’étais un peu surpris pour ne pas dire choqué. Le problème est qu’il est très dur de comprendre un pays sans y vivre. Depuis novembre 2015 je réside en Californie et j’admets avoir été bien surpris par la culture américaine. Notez que j’ai grandi en Suisse jusqu’à environ 30 ans mais je réside depuis plus de 5 ans  au Brésil.  Ce qui est choquant dans la culture américaine est qu’il semble que tout réside dans un subtil jeu de pouvoir et d’influence, il faut montrer son pouvoir pour être respecté. Bien sûr l’argent comme on le sait est au centre de la société américaine, on peut dire que le “dieu Dollar” (Mammon) est plus présent que le vrai Dieu, celui qu’on aime. C’est une société comme la Suisse plutôt décadente, qui préfère le sexe et l’argent à certaines valeurs plus nobles comme le partage et le don de temps gratuit. L’Occident est en sale état. Mais passons…

Les blancs en « minorité »

Ce que je trouve terrible quand on est comme moi un bon « blanc protestant », le fameux WASP, avec quelques dollars en poche est que la société exige de vous la perfection, on doit être comme un parfait gentleman ou un petit Federer (je ne sais pas s’il est parfait ou c’est que son image, mieux pour vendre des Nike et Rolex). Voici quelques exemples vécus.

– Je rentre d’un voyage à Las Vegas en train de l’aéroport de San Francisco vers Oakland où je réside, environ 45 minutes de train (appelé BART pour ceux qui connaissent). Je suis fatigué et j’ai plein de bagages, je mets des bagages sur un siège passager pour éviter les vols (il y a beaucoup de SDF dans ce train) . Une dame blanche d’une cinquantaine d’années arrive et me demande de retirer les bagages pour qu’elle puisse s’asseoir, notez qu’il ne s’agissait pas de places réservées aux personnes âgées ou handicapées. Je refuse de retirer mes bagages, car je n’aurai pas la place pour mettre mes jambes. Pourquoi ai-je réagi ainsi ? Car je prends ce train tous les jours et lorsqu’il y des SDF ou autres afro-américains problématiques qui écoutent de la musique très forte et prennent parfois 4 places au lieu d’une, strictement personne ne leur demande de changer de place. Vous comprenez ? Quand on est blanc et de bonne famille, on doit être parfait, mais si vous êtes une minorité vous pouvez faire ce que vous voulez en tout cas dans la région de San Francisco ! J’ai finalement laissé ma place en m’exprimant en anglais : « Je ne comprends pas l’Amérique, vous êtes des Démocrates ici (elle n’a pas entendu la 2ème partie de la phrase, en Californie la majorité est progressiste). Quand il s’agit d’un SDF vous lui laissez toute liberté ! ” Elle a compris, s’est excusée mais finalement s’est assise et je suis resté environ 15 minutes debout.

– Toujours à San Francisco, une amie de ma femme qui étudie l’anglais a affirmé qu’elle a vu il y a quelques jours des SDF avoir des relations sexuelles en pleine ville, j’imagine la liberté totale des progressistes démocrates. L’autre jour en plein San Francisco (quartier appelé Civic) je vois à 8h30 du matin plus ou moins en face du siège social de Twitter un homme s’injecter de l’héroïne dans le bras.

– Autre gros problème des Etats-Unis. Beaucoup d’étrangers travaillent dans les restaurants, coiffeurs, taxis, etc. Autant dire que le service est souvent très mauvais (je ne dis pas qu’il y a un lien de cause à effet), en plus il faut toujours laisser environ 20% de pourboires, on ne sait pas si 15,18 ou 20% et même si le service est mauvais ! Personnellement je pense que beaucoup d’étrangers qui émigrent aux Etats-Unis ne vont que pour l’argent et cela se ressent, on peut dire que “Les USA puent l’argent”, surtout chez les étrangers. Rien n’est fait gratuitement, strictement rien. Le service est totalement lié à la valeur des pourboires. Bien sûr, les étrangers (ex. Mexicains, Chinois, Indiens…) sont attirés par les dollars, et c’est aussi la responsabilité des Américains avec Hollywood de véhiculer ce mythe, ici il revient un peu comme un boomerang. Les Etats-Unis ont plus de 15% d’étrangers, le Brésil moins d’1% par exemple.
Si Trump est élu, il devra remplacer tout ce personnel par des robots, ex. des robots coiffeurs (une de mes idées), ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée tellement les coiffeurs en général sont mauvais et antipathiques (peut-être car mal payé) et pas seulement aux Etats-Unis.

– Au début de mon séjour à Oakland (grande ville plutôt pauvre de la banlieue de San Francisco) je croise un noir à vélo qui semblait avoir trop bu, le voyant ne pas circuler droit, je change légèrement ma trajectoire (sans changer de trottoir) et le noir m’insulte en me traitant de raciste. Comme si car il était noir j’avais peur, c’était plutôt car il était ivre. Là aussi jamais un noir ne m’a insulté au Brésil. Dans ce pays les blancs sont aussi malheureusement bien plus riches que les noirs, mais c’est plus apaisé dans les rapports sociaux.


– Le 1er mars, une personne vole mon sac (contenant des valeurs de plus de 500.-, appareil photo) dans une libraire public de Berkeley. Parlant avec le policier, il me dit que c’est très courant.

Blancs insultés !


Presque chaque semaine je me fais insulter par des SDF (blancs, noirs, peu importe la couleur) dans les rues de San Francisco. Je ne me suis jamais fait insulter par un SDF au Brésil en plus de 6 ans.
Pour moi le gouvernement Démocrate en Californie et notamment à San Francisco est une catastrophe et un gouvernement Républicain aura au moins le mérite d’opérer quelques changements.

Bref, même si comme évangélique je doute que je voterai pour Trump (plutôt Cruz) si j’étais Américain j’arrive comprendre une certaine rage du peuple blanc américain, comme abandonné, “minorisé” alors que les blancs restent majoritaires. On voit qu’Obama a toujours un bon mot pour les homosexuels, les noirs, les hispaniques…mais les blancs chrétiens ou athées hétérosexuels de la classe moyenne ?

Dur de savoir si un peuple autant basé sur les communautés aux Etats-Unis peut se partager la couverture ou si celle-ci devra pencher soit d’un côté (blancs) ou de l’autre (minorités). Comme un cycle infernal. N’oublions pas que les noirs sont 13 fois plus pauvres que les blancs selon le Pew et ont bien sûr aussi beaucoup de revendications à faire valoir.

Le 1er mars  2016. Par Xavier Gruffat (intellectuel conservateur suisse)

Observação da redação: este artigo foi modificado em 09.11.2016

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