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Les entreprises suisses sereines face aux taxes de Donald Trump

ZURICHLes droits de douane décrétés par le nouveau président américain inquiètent l’économie suisse à des degrés variables selon le secteur d’activités. Sous l’impulsion de Donald Trump, les nouvelles règles du jeu du commerce mondial risquent de chambouler certaines orientations stratégiques des entreprises et pourraient leur coûter cher.

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Premier pays destinataire des envois helvétiques, les Etats-Unis ont absorbé 18% des exportations suisses l’année dernière. Ils ont constitué le principal débouché de la chimie-pharma, un secteur essentiel pour l’économie suisse, mais qui se montre assez serein.

Pour les géants Roche et Novartis, qui ont d’importants centres de production et emploient des milliers de personnes aux Etats-Unis, la libre fixation des prix sur le marché des médicaments aux Etats-Unis rendrait de toute manière possible des hausses de prix des médicaments.

Produire localement pour le marché américain offre une certaine protection, confirment Lonza, Sika, Galderma ou Clariant. Les effets de nouveaux droits de douane seraient ainsi très limités. Selon la catégorie de produits, chez Clariant, 70 à 90% de ce qui est vendu aux Etats-Unis est fabriqué localement.

Dans l’alimentaire, Nestlé est dans une situation similaire: pour les marchés chinois et américain, 90% des produits sont fabriqués sur place.

Pour Givaudan, la volonté du “made in America” de Donald Trump est déjà appliquée. “Seulement, nous dépendons d’ingrédients nécessaires qui ne proviennent pas uniquement des Etats-Unis”, avait averti le directeur général Gilles Andrier fin janvier. Dans l’éventualité de nouveaux tarifs douaniers, “il faudra les répercuter sur les clients”, avait-il averti.

Straumann ou Alcon font le même constat. Peu exposés grâce à leur production locale, ils pourront être touchés dans leur chaîne d’approvisionnement vu que leurs fournisseurs ne sont pas tous locaux.

“Personne ne sait exactement ce qui va se passer. Aux Etats-Unis, par exemple, nous dépendons du Mexique, et en Europe nous dépendons du coût des intrants américains et, pour être franc, du coût des intrants asiatiques”, avait expliqué fin février le patron d’Alcon, David Endicott.

Dans les medtech, Sonova et Tecan, qui réalisent respectivement 30 et 60% de leur recettes aux Etats-Unis tout en produisant principalement hors du pays, pourraient être plus exposés. Mi-mars, Tecan avait insisté sur l’accroissement des incertitudes outre-Atlantique, avec notamment des coupes budgétaires dans la recherche, décourageant les projets d’investissements de ses clients pour équiper leurs laboratoires.


Des choix de délocalisations pourraient coûter cher. Logitech, qui produit entre 40 et 50% de ses articles en Chine tout en réalisant 36% de ses ventes aux Etats-Unis, selon les estimations de la Banque cantonale de Zurich, pourrait connaître un retour de bâton.

De son côté, SIG a récemment mis en service un nouveau site de production au Mexique. “Nous sommes du bon côté de la frontière”, a défendu Samuel Sigrist, car le coût du travail y est beaucoup plus faible. Même avec l’entrée en vigueur de droits de douane, la stratégie sera pertinente.

Lindt, qui a relevé ses prix en raison de l’inflation des tarifs du cacao, ne devrait pas être touché aux Etats-Unis, la production se faisant localement. Le chocolatier devra toutefois changer son fusil d’épaule pour éviter l’impact de droits de douane de représaille au Canada. Ainsi, certains produits destinés au marché canadien comme les boules Lindor ne proviendront plus des usines Lindt aux Etats-Unis mais directement d’Europe.

Les entreprises suisses sereines face aux taxes de Donald Trump

Le luxe serein

Les entreprises du luxe, en particulier les horlogers, pourraient devoir relever leurs prix dans le cas où les nouveaux droits de douane entreraient en vigueur. Richemont réalise environ un cinquième de ses recettes aux Etats-Unis, tandis que pour Swatch la part dépasse les 10%, selon les estimations de la ZKB. “Pour des produits uniques que les gens veulent avoir, les droits de douane ne sont pas un problème”, avait tenté de rassurer fin janvier le patron de Swatch, Nick Hayek.


Dans la construction, autant Holcim que Schindler produisent sur place pour le marché américain. Mais le fabricant d’ascenseurs a indiqué que certains fournisseurs pourraient relever leurs prix en raison de renchérissement de matières premières et qu’il faudrait alors s’adapter. Du côté de Geberit, la part des recettes réalisées aux Etats-Unis est faible et la production se fait localement.

Le géant de l’électrotechnique ABB s’estime moins vulnérable aux changements politiques, dans la mesure où sur chaque marché, l’entreprise produit “aussi localement que possible”, selon le directeur général Morten Wierod.

De son côté, le spécialiste de la logistique Kühne+Nagel se frotte les mains. Pour le directeur général Stefan Paul, les droits de douane ne sont pas un obstacle. En entraînant des basculement sur certains marchés, ceux-ci rendent la situation plus complexe. Les client ont alors besoin de solutions logistiques étendues, pour lesquelles ils sont disposés à payer plus cher.

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Le 18 mars 2025. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

Observação da redação: este artigo foi modificado em 18.03.2025

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