SAO PAULO – Tout comme Donald Trump, le nouveau maire de Sao Paulo au Brésil, João Doria entré en fonction début janvier 2017 a été présentateur de l’émission de télévision « The Apprentice » et comme Trump il ne se définit pas vraiment comme « politicien » mais plus comme un manager ou gérant (« gerante » en portugais du Brésil). La comparaison s’arrête là, car Doria est plus libéral et plus sympathique que le président américain, dans le sens une personnalité plus “cool”. Doria refuse aussi toute comparaison avec Donald Trump, comme il l’a dit dans plusieurs interviews. Il s’identifie davantage avec l’ancien maire de New York Michael Bloomberg. Dans cet article nous allons observer les qualités politiques du peut-être « meilleur maire au monde » en 2017. Il affirme travailler tous les jours, y compris le week-end de tôt le matin à tard le soir et dormir seulement 3 heures par nuit. Il a utilisé en janvier les habits d’un balayeur de rue pour montrer qu’il est proche du peuple. João Doria est un multimillionnaire en dollars (USD) avec une fortune évaluée selon The Wall Street Journal à environ 50 millions de dollars, élu à la surprise générale en octobre 2016 au premier tour avec un peu plus de 50% des voies dans un parti qui suit une politique de centre-droit (le PSDB). Sa campagne a surtout porté sur la résolution de problèmes précis comme la santé et l’urbanisation. Il est catholique pratiquant. Dans un article de 2016, Le Monde le qualifiait à tort d’ “ultra-libéral”, on peut probablement plus le qualifier de libéral avec de façon paradoxale un fort accent sur les pauvres, peut-être un politicien tout simplement inclassable. Âgé de 59 ans en janvier 2017, il est marié et père de 3 enfants.
Sao Paulo
Sao Paulo (en portugais São Paulo) est une ville d’environ 12 millions d’habitants, 20 millions avec la banlieue, c’est-à-dire de loin la plus grande agglomération du Brésil. Mais la ville présente plusieurs problèmes. A l’époque la violence était un problème de première importance mais en 2016 le taux d’homicides pour 100’000 habitants était de moins de 9, soit moins que plusieurs villes américaines comme Detroit ou Washington (D.C.). Les problèmes actuels sont surtout des trous dans les routes, des graffitis, des quartiers pauvres (appelés favela) plus ou moins abandonnés dans les banlieues (Zona Leste notamment) et un taux de chômage élevé, lié surtout à la mauvaise phase économique du Brésil pendant ces dernières années. Ci-dessous une photo d’un quartier pauvre (favela) du Brésil, avec un centre d’innovation de Facebook.
Maire hyperactif
Il s’agit ici d’un article on-proccess, comme nous faisons avec Trump, qui va évoluer avec le temps. L’objectif est de prendre les meilleures idées et de vous les présenter avec pour but final d’influencer notamment des maires (syndics ou présidents de communes) suisses.
Idées intéressantes du maire João Doria :
– Communication permanente, au moins chaque semaine, avec de nombreux médias de la ville de Sao Paulo comme les télévisions (Globo, Record, Band, Cultura), les radios (CBN, Jovem Pan…) et les journaux (Folha de S.Paulo, Estadão de S.Paulo). Il a même donné en janvier 2017 une interview au très prestigieux journal américain The Wall Street Journal, journal au plus grand tirage des Etats-Unis.
– Il se définit, surtout pendant sa campagne, comme n’étant pas un politicien. “Não sou politico, sou gestore” (en portugais : “Je ne suis pas un politicien, je suis un gestionnaire”)
– Il ne porte jamais de cravate. Son administration évite également la cravate. L’idée est selon nos informations d’être plus proche du peuple.
– Il s’habille parfois avec des habits de balayeur de rue, de jardinier, etc. Son objectif est de comprendre les employés municipaux de sa ville. Bien sûr tous les média sont là pour le prendre en photo, probablement aussi une belle opération de marketing.
– Beaucoup de contacts avec la population, se rend dans les parcs de la ville par exemple, souvent de façon non planifiée. Il visite aussi des églises évangéliques (voir vidéo ci-dessous) et différents lieux importants de Sao Paulo.
– Discute beaucoup avec la population, accepte le débat.
– Chaque employé de la ville qui est en retard à un meeting d’environ 15 minutes doit payer une amende d’environ 60 USD.
– Comme Trump, Doria croit que la politique peut changer une région, ici une ville de 12 millions d’habitants.
– Il veut privatiser certains parcs, infrastructures (ex. Interlagos, où a lieu le Grand Prix de Formule 1 chaque année, en général en novembre) et autres bâtiments de la ville. Il travaille avec l’aide de la société de conseil McKinsey.
– Egalement comme Trump, il ne se verse pas de salaire. Il va reverser l’intégralité de son salaire à des oeuvres de bienfaisance.
– Crée de nombreux partenariats avec des organismes privés, par exemple sous forme de concessions. Sur l’exemple de Central Park à New York, qui fonctionne avec un contrat de concessions.
– Travaille 7 jours sur 7, y compris les jours fériés. De tôt le matin à tard le soir. Il affirme dormir seulement 3 heures par jour.
– Il prend parfois le bus très tôt le matin pour comprendre comment fonctionne les transports publics de la ville.
– Il cherche des partenariats avec des sociétés privées, comme Unilever qui a accepté de donner des savons et dentifrices pour les SDF.
Doria a accepté de faire de la publicité pour McDonald’s, si on lit bien le journal Folha de S.Paulo du 9 avril 2017, en s’habillant avec les habits d’un vendeur de “McDo”. Pour remercier Doria, McDonald’s a accepté de donner du travail à 100 SDF de la ville de Sao Paulo.
– Il a son propre canal YouTube ou en tout cas publie souvent des vidéos sur Internet. Il compte aussi plus de 2 millions de fans sur sa page Facebook. C’est une personne influente sur les grands réseaux sociaux.
Voici une intervention de Doria en février 2017 dans une grande église évangélique de Sao Paulo, avec la présence d’environ 10’000 personnes.
Critiques
Comme toujours en politique, il existe des critiques notamment de la gauche (parti de PT, de Lula notamment). Certaines sont toutefois légitimes. Par exemple pendant un match de football du Brésil qui a eu lieu à Sao Paulo en mars 2017, un ami entrepreneur lui a offert quelques minutes de publicités gratuites sur les panneaux publicitaires entourant le terrain faisant de la publicité pour son action politique à la ville de Sao Paulo avec le slogan Cidade Limpa (en français Ville propre). C’est un mélange des genres critiquable. Doria devant, selon la presse c’est en partie déjà fait, rendre l’appareil à cet entrepreneur “généreux” à la tête de la plus grande pharmacie online du Brésil (ultrafarma.com.br).
Futur président du Brésil ?
Il est évident que Doria peut un jour devenir le prochain président du Brésil, il y aurait donc un 2ème présentateur de l’émission « The Apprentice » à diriger l’un des plus grands pays au monde, le 2ème du continent américain, que Donald Trump. Avant cet objectif final, il va probablement en premier essayer de devenir Gouverneur de l’Etat de Sao Paulo, environ 40 millions d’habitants.
Article mis à jour le 9 avril 2017. Par Xavier Gruffat. Sources : Folha de S.Paulo (plusieurs éditions), CBN (radio appartenant au groupe Globo), The Wall Street Journal, Veja.