Par Xavier Gruffat, avec AFP (texte retravaillé) et CNN
ATLANTA – Donald Trump enchaînant avec aplomb les affirmations, Joe Biden offensif sur le fond mais très embrouillé sur la forme : les deux candidats à la présidentielle américaine ont ferraillé sur l’inflation, l’immigration ou l’Ukraine lors du premier débat jeudi 27 juin à Atlanta. On peut simplement se demander si Biden ne souffre pas de démences comme Alzheimer. En février 2024, Robert Hur, le conseiller spécial nommé par le ministère de la justice pour enquêter sur la manipulation de documents classifiés par M. Biden, a publié un rapport qui contenait des détails sur la santé de M. Biden, ce qui expliquait pourquoi il ne poursuivrait pas le président en justice. M. Hur expliquait que M. Biden avait une mauvaise mémoire.
“L’inflation tue notre pays”, a affirmé d’emblée l’ancien président républicain (Trump) de 78 ans, extrêmement à l’aise, reprenant un argument qu’il sait porteur auprès des Américains. Il a assuré que son rival faisait du “mauvais travail”, malgré la croissance robuste et l’emploi au beau fixe.
Le démocrate de 81 ans, à la voix souvent enrouée devant les caméras de CNN, la chaîne organisatrice du débat, a attaqué sur un sujet qu’il sait délicat pour le milliardaire, en lui reprochant son action “terrible” contre le droit à l’avortement. Biden paraissait très fatigué, malade avec la bouche ouverte quand il écoutait Trump.
Il a aussi accusé Donald Trump de “mentir” en affirmant que l’immigration clandestine faisait flamber la criminalité, avant d’aller sur un terrain plus personnel.
“Repris de justice”
Le démocrate a rappelé que son adversaire était un “repris de justice”, après avoir été jugé coupable dans une affaire de paiements dissimulés à une ancienne actrice de films pornographiques, jugeant qu’il avait le “sens moral d’un dépravé” et le traitant à plusieurs reprises de “pleurnichard”.
“Je n’ai rien fait de mal”, a répliqué l’ancien président, inculpé dans plusieurs autres affaires, en affirmant que le système judiciaire était “truqué”.
Le républicain, qui n’a jamais concédé sa défaite en 2020, ne s’est pas engagé à reconnaître sans condition le verdict des urnes en novembre. Il a seulement assuré qu’il l’accepterait si l’élection était “juste et équitable”.
Donald Trump, sans aller jusqu’aux insultes dont il émaille ses discours de campagne, a lui affirmé que son rival n’était “pas taillé” pour être président, le présentant comme un dirigeant faible.
“Il est devenu comme un Palestinien, mais ils ne l’aiment pas parce que c’est un très mauvais Palestinien. Un faible”, a lancé le républicain, en référence à la politique de Joe Biden face au conflit entre Israël et le Hamas.
Polarisation
La guerre en Ukraine n’aurait jamais eu lieu si les Etats-Unis avaient un “leader”, a-t-il aussi assuré.
Donald Trump a encore mis au défi Joe Biden de se soumettre à un “test cognitif”, en fanfaronnant qu’il en avait lui-même passé deux et qu’il avait “brillé”, avant de vanter ses performances au golf pendant que son rival arborait un sourire moqueur.
L’ancien promoteur immobilier a multiplié les affirmations mensongères et les exagérations, sans intervention des deux journalistes de CNN animant la soirée.
Ces derniers, en plus de poser des questions, ont essentiellement veillé au respect du temps de parole de chacun, coupant le microphone dès qu’il était écoulé, ce qui a empêché les interruptions intempestives.
Les deux adversaires, qui se détestent franchement, ne s’étaient pas serré la main en arrivant sur le plateau de la chaîne CNN, à Atlanta (Géorgie, sud-est). Selon un reporter brièvement admis sur le plateau, ils n’ont pas échangé un regard pendant la première pause publicitaire.
Le débat, sauf surprise, ne devrait pas faire beaucoup bouger les lignes, dans un pays où la polarisation politique est extrême. Mais déjà un sondage de CNN explique que 5% des électeurs ont changé leur vote suite à ce débat.
Fortes critiques
«La prestation de Joe Biden pendant le débat était décevante, il n’y a pas d’autre façon de le dire», a reconnu Kate Bedingfield, ancienne directrice de la communication de la Maison Blanche durant ses premières années de mandat.
La républicaine Nikki Haley, ancienne rivale de Donald Trump aux primaires et dont les voix sont particulièrement courtisées par les deux candidats, est allée jusqu’à suggérer que Joe Biden ne serait pas «le candidat des démocrates à l’élection», exhortant les républicains à «rester sur leurs gardes».
Un tel scénario est dans les faits extrêmement peu plausible et Joe Biden devrait, sauf énorme surprise, être investi par son parti pour la présidentielle de novembre durant la convention démocrate de Chicago mi-août.
Analyse de Romanvie
On peut imaginer que Biden a un début d’Alzheimer ou de démence, voire qu’il a eu un AVC. On ne saura probablement jamais à cause du secret médical, d’autant plus qu’il s’agit de la personne la plus puissante de la planète. Mais ce débat était simplement catastrophique à regarder, surtout le début, et absolument pathétique pour la gauche américaine. Il semble évident, sauf surprise, qu’en novembre le prochain président soit à nouveau Donald Trump. Mais certains ne sont pas de cet avis, comme l’a dit Bill Maher : “Je voterais pour la tête de Biden dans un pot de liquide bleu contre Trump”.
Le 28 juin 2024. Xavier Gruffat (fondateur de Romanvie.ch). Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).