MONTREUX – Pour les Français, le concept droite-gauche est de plus en plus compliqué à défendre. En France, comme aux Etats-Unis, il devient peut-être préférable d’utiliser désormais davantage la distinction entre progressistes (ex. En Marche ! de Macron) et conservateurs (ex. partie des LR et FN). En Suisse, avec la forte présence des Socialistes surtout au niveau cantonal comme dans le canton de Vaud, on peut encore probablement pour un certain temps adopter une grille de lecture classique gauche-droite. Relevons toutefois qu’une vision binaire a presque comme toujours des limites conceptuelles, mais essayons d’y voir plus clair.
Comment bien les distinguer ?
Si on veut rester basique, la droite vise plutôt un état fort mais réduit au strict minimum (le régalien) et met l’accent sur la liberté individuelle, notamment d’entreprendre, ainsi que l’ordre. La gauche valorise davantage la société et le bien commun plutôt que l’individu. Pour arriver à ces objectifs, elle aura besoin d’un état fort, pour ne pas dire “obèse”.
Monde changeant
Le problème est que dans un monde qui change, les lignes de démarcation entre la droite et la gauche semblent parfois fondre comme neige au soleil. Par exemple, le gouvernement allemand de (centre-)droite vient d’autoriser le mariage homosexuel en Allemagne. Il y a quelques années, le droite en général plus conservatrice et souvent liée aux églises en Occident, n’aurait probablement pas donner sa “bénédiction” pour les couples de même sexe. Sur le terrain sociétal, la droite devient toujours plus libérale, dans une définition libertaire du terme, et se rapproche des théories de la gauche. L’inverse est aussi vrai, car sur le terrain économique cette fois la plupart des Socialistes ont accepté l’économie de marché et le capitalisme. Les différences au niveau économique deviennent surtout une question de positionnement du curseur, par rapport aux impôts et à l’aide sociale notamment.
6 dimensions
Pour nous aider à voir plus clair, le psychologue américain Jonathan Haidt propose de séparer l’idéologie (générale) en 6 dimensions : protection, justice, liberté, fidélité, autorité et pureté. Chaque être humain serait par rapport à son éthique personnelle un mélange de ces 6 caractéristiques. En général, la gauche valorise les 2 premières (protection et justice) alors que la droite mélange ces 6 caractéristiques de façon plus homogène. Jonathan David Haidt est un psychologue social et un professeur d’éthique américain.
Dans un monde changeant, les spécificités de la gauche et de la droite vont probablement à nouveau se transformer ces prochaines années. Cela ne devrait pas simplifier la compréhension de notre monde ni augmenter le taux de participation aux élections à venir, bienvenue dans le monde de la complexité politique.
Le 5 juillet 2017. Par Xavier Gruffat. Inspiration : article de la Folha de S.Paulo (5 juillet 2017), Wikipedia.org (sur le Prof. Haidt).