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CHRONIQUE – La démocratie dans le collimateur

Par Philippe Barraud (journaliste) – Contenu exclusif sur Romanvie.ch

Une sinistre coalition se met en place. Son but: détruire la démocratie, comme le voulait l’Axe, il y a moins de cent ans. Comme quoi, l’Histoire repasse les plats.

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Fers de lance de la coalition anti-démocratie, la Russie et la Chine, deux dictatures majeures qui traînent dans leur sillage des tyranneaux pathétiques mais féroces, comme Kim Jong Un en Corée du Nord, Alexander Lukachenko au Bélarus, l’Iran, et bien d’autres prêts à faire allégeance. Parfois pour un plat de lentilles, souvent par haine de l’Occident, comme c’est de plus en plus le cas en Afrique.

CHRONIQUE – La démocratie dans le collimateur

Car l’Occident – cela dit pour faire simple – est un contre-exemple séduisant pour les habitants de ces dictatures, en particulier en termes de libertés individuelles et de droits civiques, puisqu’ils n’y ont pas droit, mais aussi de niveau de vie. De plus, les libertés dont nous jouissons sont décrites comme «dépravées», et donc non souhaitables, en particulier avec les droits dont jouissent les personnes transgenres ou relevant de l’acronyme LGBT. En d’autres termes, il faudrait qu’il n’y ait pas d’alternative aux régimes autoritaires.


Liberté d’expression honnie

Il y a un peu moins d’un siècle, c’était l’Allemagne, l’Italie, le Japon qui avaient déclaré la guerre aux démocraties. Car au-delà des ambitions territoriales, c’était bien un mode de vie et de gouvernement qui était visé. Or, on voit bien qu’aujourd’hui, les mêmes projets refont surface, mêlant ambitions territoriales et rejet de systèmes politiques accordant des droits étendus aux citoyens. En particulier la liberté d’expression, horreur absolue pour les dirigeants russes et chinois, qui condamnent à des peines aberrantes la moindre critique du régime.

Mais la motivation profonde des Poutine, Xi Jing Ping et affiliés, est ailleurs. Elle est dans la fragilité intrinsèque de leurs régimes. Ils savent que ce que voient leurs sujets – on ne peut pas parler de citoyens – des démocraties les fait réfléchir, voire s’organiser pour échapper à la tyrannie, puisqu’une alternative dans la liberté existe. Donc, en brisant les démocraties, on affirme la supériorité des régimes non-démocratiques, et on casse ce qu’elles peuvent avoir de séduisant.

Taïwan, comme Hong-Kong ?

L’Histoire montre que les démocraties ont tendance à survivre à ces attaques, mais à quel prix ! Aujourd’hui, les démocraties les plus menacées par la Russie et le délire impérial de Poutine sont l’Ukraine, les Pays baltes, voire la Pologne et la Finlande. Mais il est vrai qu’en ayant déjà sacrifié 600’000 jeunes Russes et mercenaires en Ukraine, il devrait modérer provisoirement ses ambitions.

En Asie, on peut craindre que Taïwan finisse par connaître le sort de Hong-Kong, où les plus petites libertés ont été éradiquées. Sauf que dans ce cas, ce sera le résultat d’une guerre fratricide qu’on peut prévoir épouvantable.

Comme au siècle passé encore, il existe au sein même des démocraties des mouvements prêts à suivre, de près ou de loin, les idéologies et les projets des dictatures. C’est évidemment le fait de l’extrême droite en Europe et aux Etats-Unis, qui jouissent d’une certaine popularité parce que cette idéologie, qui s’appuie sur l’autorité, le virilisme et la violence, est foncièrement hostile aux libertés, au partage du pouvoir, à l’émancipation des femmes et à l’ouverture au monde. Or, on constate dans nos pays un troublant désir de fascisme, comme si trop de libertés et de tolérance n’étaient plus supportables.

Quitte ou double pour la démocratie américaine

Si les défenseurs de la démocratie doivent avoir une crainte aujourd’hui, c’est de voir les Américains envoyer Donald Trump à la Maison-Blanche pour un second mandat. Car il ne fait pas mystère de sa volonté de rejoindre la cohorte des dictateurs. Fasciné par Hitler, il a dit rêver «d’avoir des généraux comme il en disposait». Serait-ce pour mater cet «ennemi intérieur» qu’il a juré d’abattre par tous les moyens, ennemi qui comprend… les démocrates ? Imagine-t-on Biden et Harris en camp de concentration ? Ou les «mauvais Juifs» (ceux qui n’ont pas voté pour lui), contraints à l’exil ?


Absurde, dites-vous ? D’un homme qui a promis d’abolir la Constitution des Etats-Unis, de ne désigner que des juges à sa botte, de faire taire les médias non-complaisants, enfin d’un homme qui entretient des rapports très suspects avec Poutine, on peut tout attendre, mais surtout le pire. En 1933, en quelques semaines, Hitler a liquidé les partis, et physiquement leurs dirigeants, ce qui paraissait absurde aux esprits naïfs. On connaît la suite.

Puisque l’Histoire se répète, nous avons le devoir de rester vigilants et, à notre niveau de citoyens, de ne pas laisser les fossoyeurs de la démocratie continuer à creuser sa tombe.

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Le 23 octobre 2024. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

Observação da redação: este artigo foi modificado em 04.11.2024

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