Comme dans la majorité des pays d’Amerique latine, marqués par le catholicisme et de plus en plus par les mouvements évangéliques, l’avortement est jusqu’à présent interdit dans le pays du Pape François. À une semaine (08.08.2018) de la votation du Sénat argentin, composé de 72 sénateurs, la situation est très serrée. Selon un article du journal brésilien de référence Folha de S. Paulo, 32 sont contre (contre la légalisation de l’avortement), 28 pour, 11 sont indécis et 1 va s’abstenir. La loi a déjà été acceptée par la Chambre des Parlementaires mais le Sénat doit la confirmer, ou non. Le président argentin actuel Macri, de droite, a un discours ambigu, car il se dit contre mais si la loi est acceptée par le Sénat il ne va pas s’opposer, c’est-à-dire mettre son veto.
Kirchner
L’ancienne présidente de l’Argentine Cristina Kirchner, qui était contre dans le passé, soutient désormais le camp du oui à la dépénalisation, du côté de sa couleur politique (la gauche). La vice-présidente et leader du Sénat Gabriela Michetti est contre cette loi et en cas d’égalité au Sénat pourrait voir la loi ne pas passer suite à son vote. Mme Michetti explique sa vision du monde : “L’avortement est très lié à une société qui pense seulement à son propre désir et à son nombril. Aucun être humain ne peut décider de la vie d’un autre être humain.”
Eglise Catholique et nazisme
L’Eglise Catholique semble très remontée contre ce projet de loi. Le 8 août à Buenos Aires en la Cathédrale, le jour de la votation du Sénat, une grande messe (La Messe pour la Vie) va être organisée pour que la loi ne soit pas acceptée. L’avenir dira si l’Eglise Catholique aura eu la puissance de frappe de continuer à interdire l’avortement dans ce grand pays d’Amerique latine, de plus de 40 millions d’habitants. A ce que rapportent les médias, le Pape François et le président argentin Macri ne s’entendent pas très bien suite à un différent politique, le Pape ayant soutenu un autre candidat (Daniel Scioli) lors des votations de 2015. Si le gouvernement Macri est associé à la légalisation de l’avortement, la situation ne devrait pas s’améliorer. Le Pape François, plutôt progressiste sur certains thèmes comme l’homosexualité reste très conservateur (selon Romanvie.ch dans un sens positif ou en tout cas sans jugement de valeur) sur l’avortement en ayant affirmé : “Au siècle passé, tout le monde était scandalisé par ce que faisaient les nazis pour la pureté de la race. Aujourd’hui, on fait la même chose mais avec des gants blancs.”
Brésil et Reagan
Son puissant voisin, le Brésil, lui continue d’interdire l’avortement (sauf lors de quelques exceptions) et avec la forte puissance de l’Eglise Catholique et des églises évangéliques la situation ne devrait pas changer de si tôt, sauf si peut-être le Suprême Tribunal Fédéral (STF) à Brasilia, l’équivalent de la Cours Suprême américaine, prend une décision différente qui irait contre une majorité politique. Certains intellectuels de gauche semblent inciter le STF à prendre une telle décision, comme un éditorialiste athée et libéral de la Folha de S.Paulo (M. Schwartzmann). Comme aux États-Unis, il s’agit de la Cours Suprême qui a autorisé l’avortement. Reagan, président américain Républicain, voulait interdire à nouveau l’avortement dans les années 1980 mais n’a pas réussi. Trump, selon nos informations, ne s’est pas encore vraiment impliqué dans ce sujet.
Le 1er août 2018. Version 1.1 (16h34, 08.08.2018). Par Xavier Gruffat (Romanvie.ch).
Sources: The New York Times, Folha de S.Paulo, La Nacion