GENÈVE – Au lieu d’importer certains bêtises des Etats-Unis comme le Black Friday, d’autres choses plus intelligentes pourraient s’avérer intéressantes. Par exemple imaginer créer en Suisse des charter schools semble être une bonne idée. Une charter school est une école qui reçoit un financement gouvernemental (de l’état) mais qui fonctionne indépendamment du système scolaire public établi dans lequel elle est située. Ces écoles bénéficiant d’une très large autonomie dans l’enseignement et dans les programmes scolaires avec un financement public. Il faut savoir qu’il existe toutefois d’importantes différences entre les états américains, avec parfois des déductions fiscales très avantageuses pour les parents. Un enfant et sa famille ont toujours le choix de rejoindre une charter school, à la différence d’une école publique classique. D’ailleurs en anglais on parle aussi de choice school (école du choix) pour les caractériser.
Etats-Unis – 6% des enfants de l’école publique
Les charters schools, comme le relève le Wall Street Journal le 20 novembre 2019, sont des écoles publiques et pas des écoles privées, qui existent bien sûr aussi aux Etats-Unis. Elles opèrent de façon indépendante des écoles publiques situées dans un district scolaire. Les charters schools ont plus de liberté à choisir le programme scolaire et peuvent choisir les enseignants. Selon le WSJ, si une charter school échoue dans sa mission, c’est-à-dire que les élèves ont en comparaison de mauvais résultats, elle ferme. Des millions d’enfants se trouvent actuellement dans des charters schools aux Etats-Unis, deux tiers ne sont pas blancs, toujours selon le WSJ. Selon une étude, il existait en 2017 aux Etats-Unis environ 6900 charter schools dans 42 états et le District of Colombia (Washington D.C.), cela représentait 3,1 millions d’enfants. En 2017, un article de Reuters estimait que parmi tous les enfants scolarisés dans l’école publique, environ 6% des enfants l’étaient dans une charter school. En général une charter school reçoit un montant fixe par élève.
Exemple à Genève
Imaginons un couple qui habite aux Eaux-Vives et a deux enfants. L’un va dans le public et s’en sort bien, l’autre a plus de peine et pourrait profiter d’une alternative au système mainstream. Le problème est que si on réfléchit bien, l’école publique genevoise (et idem dans tous les autres cantons suisses) est un monopole. Un peu comme s’il existait que la Migros, et pas la Coop ou Aldi. Avec une charter school aux Eaux-Vives les familles auront plus de choix. Bien sûr pour que cela fonctionne, cette même famille devrait profiter d’une grande déduction fiscale (un voucher) pour pouvoir payer cette charter school. Car sinon, ce n’est rien d’autre qu’une école privée.
Politique
Si l’idée vous plaît, faites pression sur les politiciens, probablement de droite (PLR, PDC, UDC) pour lancer une telle alternative crédible à l’école publique. La gauche, si on en croit en tout cas les Démocrates américains comme la candidate aux élections de 2020 Elizabeth Warren, n’est pas très fan. Les défenseurs des écoles publiques affirment que les charter schools sont conçues pour concurrencer les écoles publiques. Mme Warren considère que cela appauvrit l’école publique et aimerait interdire l’ouverture de nouvelles charter schools si elle est élue, comme l’informe le Wall Street Journal le 20 novembre 2019. Il y a aussi un problème avec les syndicats d’enseignants du public qui semble influencer Mme Warren. Ces syndicats votent en général en majorité pour le parti Démocrate, et pas le GOP. Environ 90% ou plus des enseignants des charters schools n’ont pas de syndicat, dans le public ce chiffre est bien sûr beaucoup plus bas.
Mais au fond, mettre un peu de concurrence dans l’école publique ne ferait pas de mal. Surtout que certaines études sérieuses montrent qu’en général ces écoles charter fonctionnent bien (voir ici certaines études, méta-analyses notamment).
Le 20 novembre 2019. Par Xavier Gruffat. Sources : Wikipedia.org, The Wall Street Journal, Reuters