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SERIE COMPLEXITE – Evangélisation, la fin justifie-t-elle les moyens?

THEME COMPLEXITE : Attention, tout article de la série complexité peut évoluer avec le temps, en fonction de nouvelles informations. Le but d’un article complexité est d’aider à se former une opinion sur justement des thèmes complexes. Article mis à jour le 25 juin 2015.

SAO PAULO – MONTREUX – Romanvie commence une nouvelle série d’articles innovants à propos de la complexité de notre monde. Ma théorie est que les journalistes devraient travailler sur 2 domaines principaux, les thèmes à haute complexité (Dieu existe-t-il? – La droite est-elle mieux ou moins bien que la gauche pour un peuple? – Une religion ne peut-elle être que sectaire pour avoir du succès?) et l’investigation (lutte contre la corruption par exemple). Les autres domaines style “passer les plats” comme le fait beaucoup de médias me paraît condamné à disparaître dans la jungle globale de l’Internet.
Comme Romanvie est une petite structure, nous avons décidé dans un premier temps de nous intéresser à des sujets complexes et amenant une certaine valeur ajoutée. A terme nous aimerions aussi rentrer dans le domaine de l’investigation dans la lutte contre la corruption, il faut toutefois une armée d’avocats pour ne pas couler et tenir la structure en place.

Le premier thème sera religieux: l’évangélisation comme finalité justifie-t-elle tous les moyens?

Pourquoi le choix de ce thème ?


La religion qui progresse le plus dans le monde, surtout en Amérique latine, Afrique et Asie, est clairement le pentecôtisme, une branche des mouvements évangéliques-protestants, un mouvement pentecôtiste très célèbre est l’Assemblée de Dieu. Mais les mouvements qui progressent le plus sont les mouvements dits néo-pentecôtistes, c’est-à-dire souvent adoptant la “théologie de la prospérité”. Cette théologie, pour résumer, consiste à donner un montant d’ordre financier souvent élevé à l’église, en échange d’une “bénédiction” financière divine, basée sur une foi sans faille. Le fidèle se sacrifie, suivant certaines figures de la Bible (Abraham notamment). On ne parle pas ici de la dîme, acceptée dans presque tous les mouvements évangéliques, mais d’argent donné en plus de la dîme par les fidèles. Par exemple certaines églises néo-pentecôtistes recommandent à leurs fidèles de donner 10’000 dollars (chiffre prix au hasard, mais il s’agit souvent de gros montants) à l’église, comme un sacrifice, puis ensuite quelques mois plus tard, Dieu rendra selon eux beaucoup plus que cette somme. Cette méthode est clairement responsable, en grande partie, de la croissance massive des évangéliques dans les pays du sud, car ces églises qui utilisent cette méthode ont ensuite des moyens considérables pour payer notamment des chaînes de TV, de radio, des journaux, etc. Une sorte de cycle vertueux (certains diront vicieux).

Pour un Chrétien comme moi qui croit en Jésus comme Unique Sauveur. La théologie de la prospérité peut être une véritable fin qui justifierait tous les moyens. Pourquoi ? Si le seul objectif pour un Chrétien est d’avoir le maximum de personnes sauvées, dans ce cas la théologie de la prospérité peut être un moyen d’arriver à cette fin.  A la fin Jésus le dit bien, il est plus dur à un riche de rentrer dans le Royaume de Dieu qu’un pauvre. En fait une critique qui revient souvent envers ces églises suivant la théologie de la prospérité est que peut-être l’institution devient riche, le nombre de fidèles augmentent, mais les fidèles ont à moyen et long terme tendance à s’appauvrir, tellement ils ont auront donné d’argent à l’église (presque un peu comme un casino, la comparaison est juste pour illustrer mes propos).
On pourrait donc remercier ces chrétiens, qui sont les seuls à augmenter le nombre de croyants en Jésus sur cette planète terre, comme une méthode bien rodée.

Vous suivez ?

Prenons un pays, le Brésil, et ses plus de 200 millions d’habitants. Avant la montée en puissance des églises néo-pentecôtistes, on avait finalement assez peu de vrais chrétiens, il y avait certes des catholiques, mais pour beaucoup la foi était plutôt historique, familiale, par habitude, sans une foi d’un Dieu vivant. La montée en puissance de ces églises de la théologie de la prospérité a agi comme un véritable “virus” dans le plus grand pays d’Amérique latine, on estime désormais que plus de 50 millions de personnes sont évangéliques. Probablement la majorité (50 à 60%) de ces “nouveaux fidèles” suit une église intégrant totalement ou en partie la théologie de la prospérité. Dans d’autres pays les chiffres sont autant importants, comme par exemple le Nigéria ou la Chine.


Quels dégâts ?

Le problème avec un tel concept est que ces églises font aussi beaucoup de dégâts sur les êtres humains, à titre individuel. Ce sont souvent des “machines de guerres” qui détruisent aussi parfois la vie de certaines personnes, en leur mettant un stress énorme sur leurs finances, le besoin d’avoir toujours plus d’argent, faire croire que la bénédiction passe surtout par la possession de biens matériels, une sorte de fuite en avant. Beaucoup de pasteurs demandent de donner le maximum à l’église, alors que ces gens souvent ont parfois juste de quoi manger, pas tous, mais une partie. L’idée n’est pas de dire d’une façon simpliste (cet article travaille justement sur le concept de complexité) que les pasteurs sont corrompus, certains oui, mais la majorité non et travaillent plus pour un système. Ces grandes églises ont souvent des charges élevées de salaire, d’entretien des églises, etc. Il faut donc faire “tourner la boutique”. Dans la tête de ces leaders, le seul objectif est de croître au maximum, d’évangéliser au maximum, d’avoir le plus de pouvoir médiatique, politique, etc. Et, j’espère (s’ils sont sincères), d’évangéliser le maximum de monde sur cette planète terre de plus de 7 milliards d’âmes.

Complexité

C’est typiquement un bon sujet pour montrer la complexité de notre monde chrétien. Que préfère-t-on, des églises surpuissantes comme celles du Brésil qui sont de véritables empires (immobilier, médiatique et parfois politique) ou on préfère une société comme la Suisse presque “déchristianisée” avec, il est vrai beaucoup de respect pour les individus, mais si on en croit la pensée chrétienne, beaucoup de Suisses iront en enfer. Autrement dit, les églises suisses sont moins efficaces que celles des pays du sud. Chacun se fera son opinion avec une seule question à se poser (selon moi), dans le christianisme, la fin justifie-t-elle les moyens ?

Le 25 juin 2015. Par Xavier Gruffat, fondateur de Romanvie.ch

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Observação da redação: este artigo foi modificado em 25.06.2015

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