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CHRONIQUE – La démocratie dans le collimateur

Par Philippe Barraud (journaliste) – Contenu exclusif sur Romanvie.ch

Une sinistre coalition se met en place. Son but: détruire la démocratie, comme le voulait l’Axe, il y a moins de cent ans. Comme quoi, l’Histoire repasse les plats.

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Fers de lance de la coalition anti-démocratie, la Russie et la Chine, deux dictatures majeures qui traînent dans leur sillage des tyranneaux pathétiques mais féroces, comme Kim Jong Un en Corée du Nord, Alexander Lukachenko au Bélarus, l’Iran, et bien d’autres prêts à faire allégeance. Parfois pour un plat de lentilles, souvent par haine de l’Occident, comme c’est de plus en plus le cas en Afrique.

CHRONIQUE – La démocratie dans le collimateur

Car l’Occident – cela dit pour faire simple – est un contre-exemple séduisant pour les habitants de ces dictatures, en particulier en termes de libertés individuelles et de droits civiques, puisqu’ils n’y ont pas droit, mais aussi de niveau de vie. De plus, les libertés dont nous jouissons sont décrites comme «dépravées», et donc non souhaitables, en particulier avec les droits dont jouissent les personnes transgenres ou relevant de l’acronyme LGBT. En d’autres termes, il faudrait qu’il n’y ait pas d’alternative aux régimes autoritaires.

Liberté d’expression honnie

Il y a un peu moins d’un siècle, c’était l’Allemagne, l’Italie, le Japon qui avaient déclaré la guerre aux démocraties. Car au-delà des ambitions territoriales, c’était bien un mode de vie et de gouvernement qui était visé. Or, on voit bien qu’aujourd’hui, les mêmes projets refont surface, mêlant ambitions territoriales et rejet de systèmes politiques accordant des droits étendus aux citoyens. En particulier la liberté d’expression, horreur absolue pour les dirigeants russes et chinois, qui condamnent à des peines aberrantes la moindre critique du régime.

Mais la motivation profonde des Poutine, Xi Jing Ping et affiliés, est ailleurs. Elle est dans la fragilité intrinsèque de leurs régimes. Ils savent que ce que voient leurs sujets – on ne peut pas parler de citoyens – des démocraties les fait réfléchir, voire s’organiser pour échapper à la tyrannie, puisqu’une alternative dans la liberté existe. Donc, en brisant les démocraties, on affirme la supériorité des régimes non-démocratiques, et on casse ce qu’elles peuvent avoir de séduisant.

Taïwan, comme Hong-Kong ?

L’Histoire montre que les démocraties ont tendance à survivre à ces attaques, mais à quel prix ! Aujourd’hui, les démocraties les plus menacées par la Russie et le délire impérial de Poutine sont l’Ukraine, les Pays baltes, voire la Pologne et la Finlande. Mais il est vrai qu’en ayant déjà sacrifié 600’000 jeunes Russes et mercenaires en Ukraine, il devrait modérer provisoirement ses ambitions.

En Asie, on peut craindre que Taïwan finisse par connaître le sort de Hong-Kong, où les plus petites libertés ont été éradiquées. Sauf que dans ce cas, ce sera le résultat d’une guerre fratricide qu’on peut prévoir épouvantable.

Comme au siècle passé encore, il existe au sein même des démocraties des mouvements prêts à suivre, de près ou de loin, les idéologies et les projets des dictatures. C’est évidemment le fait de l’extrême droite en Europe et aux Etats-Unis, qui jouissent d’une certaine popularité parce que cette idéologie, qui s’appuie sur l’autorité, le virilisme et la violence, est foncièrement hostile aux libertés, au partage du pouvoir, à l’émancipation des femmes et à l’ouverture au monde. Or, on constate dans nos pays un troublant désir de fascisme, comme si trop de libertés et de tolérance n’étaient plus supportables.

Quitte ou double pour la démocratie américaine

Si les défenseurs de la démocratie doivent avoir une crainte aujourd’hui, c’est de voir les Américains envoyer Donald Trump à la Maison-Blanche pour un second mandat. Car il ne fait pas mystère de sa volonté de rejoindre la cohorte des dictateurs. Fasciné par Hitler, il a dit rêver «d’avoir des généraux comme il en disposait». Serait-ce pour mater cet «ennemi intérieur» qu’il a juré d’abattre par tous les moyens, ennemi qui comprend… les démocrates ? Imagine-t-on Biden et Harris en camp de concentration ? Ou les «mauvais Juifs» (ceux qui n’ont pas voté pour lui), contraints à l’exil ?

Absurde, dites-vous ? D’un homme qui a promis d’abolir la Constitution des Etats-Unis, de ne désigner que des juges à sa botte, de faire taire les médias non-complaisants, enfin d’un homme qui entretient des rapports très suspects avec Poutine, on peut tout attendre, mais surtout le pire. En 1933, en quelques semaines, Hitler a liquidé les partis, et physiquement leurs dirigeants, ce qui paraissait absurde aux esprits naïfs. On connaît la suite.

Puisque l’Histoire se répète, nous avons le devoir de rester vigilants et, à notre niveau de citoyens, de ne pas laisser les fossoyeurs de la démocratie continuer à creuser sa tombe.

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Le 23 octobre 2024. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

CHRONIQUE – Les réseaux sociaux, la haine, la mort du lien social

Par Philippe Barraud (journaliste) – Contenu exclusif sur Romanvie.ch

Il faudra qu’un jour une équipe de sociologues s’attelle à établir un bilan global de l’influence des réseaux sociaux sur la société. Pour l’heure, entre abrutissent des jeunes et déferlement de haine, on peine à discerner un apport globalement positif !

Je suis effaré de voir à quel point nos contemporains paraissent éprouver le besoin d’avoir quelqu’un à haïr: dès qu’une personne sort du lot, que l’on parle de politique, de sport ou de culture, aussitôt déferle un flot de haine, d’insultes et de désinformation profondément malveillante. C’est comme si toute personne profitant d’un moment de réussite, grâce à son travail, son acharnement, son intelligence, devait aussitôt le payer au prix fort, être rabaissée et salie.

CHRONIQUE – Les réseaux sociaux, la haine, la mort du lien social

Défouloir

Pourquoi ? Probablement parce que la réussite des uns renvoie inévitablement les autres à la médiocrité, à l’ennui, à l’inutilité ressentie de leur existence. Alors on se défoule, on se venge des sales coups de la vie, car tout le monde n’est pas riche et beau, et on profite de l’anonymat et de l’impunité garantis par les réseaux sociaux. Ceux-ci, bien entendu, vont tout faire pour qu’il en soit ainsi et que rien ne change, parce que c’est ainsi que l’on gagne un maximum d’argent. En faisant de Twitter un des principaux vecteurs de la désinformation et de la haine en ligne, M. Musk assure à X des revenus confortables et une impunité quasi assurée, comme on l’a vu récemment au Brésil: une nouvelle fois, la même règle implacable s’impose: les hyper-riches peuvent tout.

Mais certes, incriminer les réseaux sociaux est une chose, probablement un peu courte. Une autre est d’admettre qu’ils se contentent d’être les vecteurs, ou les amplificateurs, de la haine enracinée au plus profond du cœur des hommes. Là est la vraie question: d’où nous vient ce besoin de malveillance, de méchanceté, de nuisance, voire d’élimination de cet Autre qui nous fait de l’ombre, qui a l’outrecuidance de nous dépasser ? Et pourquoi ne peut-on simplement se réjouir avec lui de sa réussite ?

Et que reste-t-il de l’héritage chrétien dans une société qui a évacué les valeurs éthiques de son univers, voué au spectacle, à l’argent, au divertissement et au consumérisme effréné ? On ne l’entend plus guère, on ne veut plus l’entendre, la parole de Pierre aux Ephésiens: «Que toute amertume, toute animosité, toute colère, toute clameur, toute calomnie, et toute espèce de méchanceté, disparaissent du milieu de vous…» Comme on en est loin !

Ténèbres philosophiques

Et c’est bien là tout le dilemme auquel nous sommes confrontés: On peut bien imposer des règles et des limites aux réseaux sociaux, cela n’extirpera pas la haine qui fermente chez les individus, stimulée par la violence multiforme que distille la société – violence économique d’un système capitaliste exacerbé, violence physique stimulée par les jeux vidéo et les confrontations de supporters de football, violence des guerres où l’on doit choisir son camp, violence intrinsèque d’existences dépourvues de toute transcendance…

Dans ces ténèbres philosophiques, il doit être difficile d’être jeune aujourd’hui. Alors, faute d’un encadrement familial solide et responsable – les parents, collés à leur smartphone, ont autre chose à faire… –, les jeunes vivent leur vie dans les réseaux sociaux, les vidéos futiles de Tiktok, et des jeux plus violents les uns que les autres. Bon nombre d’entre eux n’ouvrent jamais un livre, et pourquoi le feraient-ils, puisque bébés déjà, ils ont été pourvus d’un écran ?

Délitement du lien social

L’addiction aux écrans devient un problème majeur dans notre société, c’est l’ONU qui le dit. Et nous vivons par leur faute un paradoxe colossal: les réseaux prétendus sociaux contribuent en réalité au délitement du lien social. J’observais l’autre jour quatre jeunes filles sur une terrasse de café. Aucune ne parlait aux autres, elles tapaient frénétiquement sur leurs smartphones respectifs, comme si elles étaient seules à la maison. De même, regardez ces couples au restaurant, qui s’intéressent bien plus à leur écran qu’à la personne qui leur fait face, ou ces passagers qui attendent le train, bien à l’abri des autres, le regard vrillé au téléphone et les oreilles bouchées par des écouteurs, afin d’être sûrs que personne ne va leur adresser la parole.

Un autre paradoxe est que celles et ceux qui se tiennent à distance des réseaux sociaux et des divertissements peu exigeants à la mode (les séries TV, les clips musicaux, les sports d’équipe…), deviennent des sortes d’individus asociaux, voire des marginaux, taxés d’inculture puisqu’ils ne connaissent rien aux références du plus grand nombre. C’est mon cas, et je l’assume !

Le 16 octobre 2024. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

CHRONIQUE – Israël: parce que «ça recommence»

Par Philippe Barraud (journaliste) – Contenu exclusif sur Romanvie.ch

Comment se situer face à la guerre qui fait rage, et va s’étendre, au Proche-Orient ? Et comment comprendre ce qui motive les protagonistes ?

On s’indigne beaucoup, en Europe et dans le monde, de l’extrême violence avec laquelle Israël a frappé Gaza, après les abominations commises par le Hamas, le 7 octobre 2023. Et on s’indigne encore de voir la guerre gagner le Liban, un pays qui de fait n’existe plus, puisqu’il s’est laissé dépouiller de sa souveraineté par le Hezbollah, et donc par l’Iran. Pendant ce temps, la mouvance pro-palestinienne s’est rapidement implantée dans les universités et dans la rue, en Europe et aux Etats-Unis, alors que les soutiens à Israël se font rares, parce que trop risqués.

Le prix payé par la population de Gaza est épouvantable et bien trop élevé, c’est indiscutable. Ces trop nombreuses victimes civiles sont souvent des victimes colatérales, les islamistes ayant pour pratique criminelle mais constante de répartir leurs dirigeants et leurs combattants au sein de la population civile, dans les écoles ou les hôpitaux par exemple. C’est la tactique bien connue des boucliers humains, mais en l’occurrence elle ne fonctionne pas, parce que l’armée israélienne en connaît les rouages.

Israël: parce que «ça recommence»

Le fer rouge de l’Histoire

Mais pourquoi Israël se défend-il de manière brutale et chaotique, à nos yeux en tout cas ? C’est parce que sa lecture des événements est marquée au fer rouge de l’Histoire. Le peuple juif a constamment été ostracisé, méprisé et mis de côté, longtemps interdit des grandes villes, interdit d’innombrables professions. Comme l’a dit Gustav Mahler, «Je suis trois fois étranger sur la terre ! Comme natif de Bohême en Autriche, comme Autrichien en Allemagne, comme juif dans le monde entier. Un intrus, jamais bienvenu.»

Mais surtout, le peuple juif a sans cesse été menacé d’extermination, avec un désastre culminant au XXe siècle, en Allemagne, en Italie, en France même. Si les sociétés occidentales ont oublié l’Histoire, les Juifs du monde entier voient toujours planer au-dessus d’eux l’ombre des Hitler, Heydrich, Göring, Mussolini, Maurras – tous ceux-là, et tant d’autres, qui voulaient exterminer les Juifs jusqu’au dernier. Savez-vous qu’en France, dans les années 30, il existait une Association des journalistes anti-Juifs ?

Or, l’empreinte de la Shoah et des camps d’extermination, les Einsatzgruppen, les Fosses ardéatines, les assassinats de ministres en France (Jean Zay, Georges Mandel) par les voyous de la Milice, tout cela marque à jamais l’histoire d’Israël, et donc sa politique de défense.

Ce pays est dès lors fondé à craindre que ça recommence. Et de fait, ça recommence, parce que cela n’a jamais cessé ! On en veut pour preuve les propos du Hezbollah d’il y a quelques jours, qui a pour objectif affirmé d’éliminer totalement Israël. Ou la motivation des tueurs du 7 octobre 2023, dont le seul but était de tuer des Juifs, indistinctement, hommes, femmes, enfants, nouveaux-nés, parce qu’ils étaient juifs. Sans surprise: la destruction de l’Etat hébreu figure dans la charte du Hamas. Ou encore la motivation des manifestants des universités, qui veulent eux aussi effacer Israël de la carte, selon leur slogan « Palestine du fleuve à la mer.»

Une menace existentielle

Cela n’excuse pas tout, évidemment, mais cela permet de comprendre pourquoi Israël se défend avec une telle fureur, car la menace est littéralement existentielle, face à une puissance ennemie multiforme et puissante. C’est un élément dont le monde a de la peine à prendre conscience, qui réclame des cessez-le-feu à tout va, pour se donner bonne conscience, mais sans mesurer les vrais enjeux. Si un ennemi déterminé s’employait à effacer la Suisse et les Suisses de la carte, à coups de massacres et de bombardements quotidiens, je doute que nous réclamions un cessez-le-feu et renoncions à nous défendre coûte que coûte ! Du moins, on peut l’espérer…

L’antisémitisme, encore et toujours

En France les actes antisémites ont triplé. En Suisse aussi, le vieil antisémitisme se réveille, celui qui s’exprimait ouvertement au milieu du siècle passé, surtout dans les campagnes – enfant, je l’ai beaucoup entendu, sans bien comprendre de quoi il s’agissait. Alors ils n’ont pas tort, ceux qui disent que cela ne s’arrêtera jamais.

Parce que la guerre au Proche-Orient n’est pas une guerre territoriale, c’est une guerre qui oppose l’Etat juif à un vaste mouvement ouvertement génocidaire. L’oublier, c’est analyser les choses par le petit bout de la lorgnette, et donc ne rien comprendre.

Le 8 octobre 2024. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

CHRONIQUE – L’Europe est malade de l’immigration

Par Philippe Barraud (journaliste) – Contenu exclusif sur Romanvie.ch

On le dit avec un peu d’embarras, mais c’est pourtant une évidence: l’immigration massive que subit l’Europe a des conséquences graves sur la sécurité, l’économie et la politique.

En Suisse, la population a augmenté de 1,7% au 31 décembre 2023, pour atteindre 8 962 300 de personnes. Sachant que ces chiffres, publiés par l’Office fédéral de la statistique, ne prennent évidemment pas en compte les personnes résidant sans papiers ou sans droit dans notre pays, on peut affirmer que la Suisse a largement dépassé le chiffre de 9 millions d’habitants, puisqu’on peut facilement passer nos frontières sans contrôle.

Il ne faut donc pas de voiler la face: ce n’est pas le taux de fécondité de la population suisse qui explique cette forte augmentation, puisqu’à 1,39 enfant par femme, il est le plus bas depuis 20 ans. C’est évidemment sur le compte de l’immigration qu’il faut mettre cette évolution démographique, qui s’accompagne d’une pression extrême sur les logements et les infrastructures.

Un impact progressif mais réel sur nos mœurs

Mais pas seulement: plus difficile à quantifier, l’impact de l’immigration sur nos modes de vie, sur la société, sur les valeurs et le vivre ensemble, est immense, même s’il n’est pas visible immédiatement. On le sait, si on excepte le groupe des réfugiés ukrainiens, l’écrasante majorité des migrants en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient sont de confession musulmane, souvent élevés dans une conception assez rigoureuse de leur religion. Ils débarquent, souvent jeunes et seuls, dans une Europe dont les racines chrétiennes s’effilochent certes, mais pour autant, ils n’ont pas ni l’envie ni l’intention de se fondre dans nos modes de vie, notre culture et nos mœurs, en particulier en ce qui concerne le statut des femmes.

C’est un problème extrêmement sérieux, mais le monde politique ne l’aborde qu’avec réticence – question d’image et de convictions personnelles. Le discours sur ce que fuient les migrants et ce qu’ils nous apportent est reçu comme positif, il parle de solidarité et d’accueil; mais il occulte les aspects sombres des vagues migratoires qui accablent l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni, entre autres, et qu’on ne peut plus considérer comme anecdotiques.

L’Europe est malade de l’immigration

Criminalité en hausse

Il s’agit essentiellement de la criminalité, dont le passé récent montre qu’elle devient de plus en plus violente, sous des motivations souvent religieuses, comme en attestent les récentes attaques au couteau en Allemagne. Dans ce pays, où des milliers d’attaques au couteau ont lieu chaque année (!) – comme en Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, en France –, une étude citée par Le Temps montre une brusque augmentation de la criminalité à partir de 2015, de +10,4%, imputée pour 92,1% à des réfugiés. Or 2015, c’est l’année où Angela Merkel a ouvert toutes grandes les portes de l’immigration – «Wir schaffen das», disait-elle. On voit hélas que ce n’est plus du tout le cas !

L’extrême-droite tire les marrons du feu

Il est impératif que l’Europe et la Suisse contrôlent mieux l’immigration. Les conséquences des politiques actuelles, pour le moins laxistes, se font de plus en plus sentir. En Suisse par exemple, on l’a dit, il faut construire des dizaines de milliers de logements, au détriment de la nature et du bien-être des habitants, pour loger les migrants qui arrivent, attirés par la prospérité du pays, son économie en quête permanente de main d’œuvre, ses institutions sociales généreuses, et une législation très protectrice pour les migrants, même indésirables. En effet, les renvois sont interdits dans de nombreux cas, en particulier en Afrique du Nord et de l’Est, d’où viennent pourtant un grand nombre de jeunes criminels !

La mollesse des gouvernements européens et suisse a des conséquences économiques et sociales fortes, mais aussi des conséquences politiques sérieuses. Elle fait le lit de l’extrême-droite, qui trouve là une brèche pour s’approcher de plus en plus du pouvoir. En France, elle est devenue faiseuse de rois, elle s’impose comme incontournable dans le débat politique; même situation en Allemagne, où elle surfe sur la colère des Allemands face à la violence des réfugiés.

Seule une politique migratoire rigoureuse, fondée sur le respect de la population résidente et non sur les seuls intérêts de l’économie et des migrants, nous mettra à l’abri d’une montée de la violence et du délabrement à petit bruit de la société.

Une telle politique est d’autant plus indispensable que les migrations sont appelées à augmenter massivement, en particulier à cause des conséquences dévastatrices du changement climatique. La ceinture inter-tropicale de la planète, très fortement peuplée, va devenir partiellement inhabitable à court terme. Ses habitants n’auront d’autre choix que de partir. Pour aller où ?

Le 10 septembre 2024.

CHRONIQUE – Comment l’IA va anéantir la société humaine : ignorants et rassasiés (Ph. Barraud)

Par Philippe Barraud (journaliste) – Contenu exclusif sur Romanvie.ch – Lire ici partie 1

Dans l’existence de nos contemporains, le divertissement et l’amusement ont pris une place prépondérante, et c’est peut-être pour cela qu’un nombre croissant d’entre eux, et en particulier les jeunes, rechigne à travailler à plein temps. Le travail, autrefois valeur cardinale dans la société et dans la famille, apparaît comme une corvée, comme une activité abrutissante, alors qu’il y a tant de manières plus gaies et plus gratifiantes de passer son temps !

Il est vrai que, en cette période de prospérité, le travail n’est pas une denrée rare, le choix est grand, et on peut assez facilement gagner de quoi vivre sans s’investir à fond dans une activité professionnelle. Autant de temps dégagé, mais pour faire quoi ? Partager davantage avec sa famille ? Se cultiver ? Faire du sport ?

Il faut plutôt chercher du côté de l’offre de distraction, dont la panoplie est infinie, et dans laquelle l’intelligence artificielle joue un rôle central aujourd’hui déjà. Non seulement l’IA propose, voire impose, des distractions innombrables, mais elle les conçoit elle-même, et les ajuste de plus en plus finement, en fonction des goûts et des intérêts de chacun, tout en les liant à des enjeux commerciaux. Et pour cela, elle dispose d’un instrument massue: les réseaux sociaux, un véritable fil à la patte, voire une sorte de perfusion vitale, dont nous croyons ne pouvoir nous passer, ne serait-ce que pendant une heure.

Chacun à fait l’expérience de la publicité qui apparaît immédiatement sur l’écran à la suite d’un achat en ligne, d’une recherche quelconque, ou même d’un appel téléphonique. Ce traçage, auquel il est très difficile d’échapper, est au cœur de la machine, puisqu’il faut retenir votre attention à tout prix, au moyen de propositions innombrables adaptées à vos penchants, et donc élaborées sur mesure.

Ni droits d’auteurs ni acteurs !

Les professionnels du cinéma et de la musique ont bien compris le danger, qui ont récemment entrepris des grèves dures pour empêcher les producteurs et les studios de les remplacer par de l’IA. Ils ont obtenu partiellement gain de cause jusqu’ici mais, dans un contexte juridique flou et en pleine évolution, et dans un marché qui représente des centaines de milliards, il est évident que des producteurs peu scrupuleux mettront sur le marché des musiques, des romans et des films fabriqués à 100% par l’IA, donc sans droits d’auteurs ni acteurs en chair et en os, juste des avatars plus vrais que nature.

Les ressources sont si abondantes, et l’IA si puissante, que chacun pourra même bientôt, dans sa cuisine, fabriquer un épisode d’une série à la mode, et en inventer l’épilogue à son goût; un Hitchcock convaincant; un roman dans le style de Flaubert, de Dumas ou de Joël Dicker; un Van Gogh, un Salvator Mundi de Leonard de Vinci plus convaincant que celui qui s’est vendu à prix d’or !

Mais si n’importe qui peut produire un chef-d’œuvre, grâce à l’IA et au pillage des données et des biens culturels sur lequel elle repose, que devient le créateur, l’artiste, quelle sera la valeur intrinsèque, mais aussi économique, des œuvres créées, originales ou issues de l’IA?

CHRONIQUE – Comment l’IA va anéantir la société humaine - 2. - Ignorants et rassasiés

Le savoir migre du cerveau à la machine

Cela vaut évidemment pour tous les producteurs de contenus quels qu’ils soient: dans le domaine académique, il est devenu presque la norme pour les chercheurs de faire rédiger des articles par l’IA, comme pour les étudiants bien sûr, qui peuvent présenter en un temps record des travaux bien documentés, sans devoir courir après les sources et les compiler. Mais là est le piège: l’IA les dispense d’apprendre à travailler, en faisant le boulot à leur place, et dans toutes les langues possibles !

Cette évolution interroge de manière vertigineuse la place de l’humain face au savoir et à la culture, puisque le savoir et la culture migreront de son cerveau à une machine quelconque, smartphone, ordinateur, montre connectée, puce sous-cutanée. La culture d’un individu, toute riche soit-elle, n’atteindra jamais la totalité du savoir que maîtrise l’IA. Dès lors, à quoi bon apprendre les langues et lire des essais ou des livres d’histoire, puisque mon smartphone a réponse à tout, en texte et en images ? Certes, en retour nous aurons besoin en permanence de notre béquille informatique omnisciente, telle le robot doré CPO pour les héros de Star Wars, sans qui nous serions réduits à l’impuissance !

Ignorants et désoeuvrés, libérés du travail par l’IA, les humains vont se transformer en couch potatoes, vautrés devant leurs écrans, sautant à perdre haleine d’une distraction à l’autre, qui leur livreront exactement ce qu’ils ont envie de voir et d’entendre. Le rêve, quoi…

Lire ici la 1ère partie

Le 14 août 2024.

CHRONIQUE – Comment l’IA va anéantir la société humaine (Ph. Barraud)

Par Philippe Barraud (journaliste) – Contenu exclusif sur Romanvie.ch (partie 2 à lire ici)

1.- Incapables et inutiles : « c’est la machine qui décide »

Faut-il, comme de nombreux médias, s’émerveiller du développement fulgurant de l’intelligence artificielle (IA ou AI en anglais), alors qu’elle n’est jamais qu’une évolution de l’informatique que nous connaissons depuis des décennies ? Certes, un habile marketing et une communication agressive en ont fait une nouveauté incontournable – raison de plus pour tirer la sonnette d’alarme.

Comme il en va de toute innovation technologique, on n’en voit que les avantages, mis en avant par leurs concepteurs : «Avec l’IA on pourra… ». On pourra tout, oui, et peut-être un peu trop.

L’innovation technologique se nourrit d’elle-même, à un rythme de plus en plus rapide, en grande partie parce que ceux qui maîtrisent son développement disposent de moyens financiers quasi illimités. Mais ces investissements sont si massifs qu’ils doivent générer immédiatement du profit. C’est pourquoi ces innovations sont mises sur le marché le plus vite possible, sans réflexion éthique sur leurs conséquences possibles. Et en général elles rapportent gros, très vite, parce que le public est réceptif, voire demandeur d’innovations à tout prix, supposées l’augmenter: «Avec ça je pourrai…»

On passe malheureusement sous silence les effets environnementaux désastreux du développement de l’IA. En Irlande par exemple, les centres de données consomment 20% de l’électricité produite dans le pays, et cette proportion augmente rapidement. Il en va de même pour les cryptomonnaies, l’eldorado de la criminalité, qui consomment des quantités phénoménales d’énergie, sous le regard indifférent des Etats.

Cette frénésie du «progrès» technologique empêche de réfléchir sereinement aux effets à long terme de l’IA sur le fonctionnement de la société, et sur les humains eux-mêmes. Or, ces effets seront immenses, et probablement dévastateurs. Voyez comme les rapports sociaux ont été bouleversés par l’irruption du smartphone dans nos existences, où il occupe une place centrale – il suffit d’observer un quai de gare ! Comme le dit joliment l’écrivain Sylvain Tesson, les humains ont tous un petit dieu noir dans la poche, qu’ils caressent du matin au soir…

Comment l’IA va anéantir la société humaine

La fin des responsabilités

L’IA a déjà fait son chemin dans les entreprises et les administrations. Un exemple ? Vous vous plaignez à la direction de la Poste, à Berne, de la distribution tardive du courrier dans votre quartier. La réponse, d’une personne physique (provisoirement), fuse : «On ne peut rien faire, c’est la machine qui décide

Cette personne, qui sera évidemment remplacée bientôt par un robot à la voix charmeuse, disponible 24 heures sur 24 et non-syndiqué, a prononcé la phrase qui préfigure l’avenir : «C’est la machine qui décide

Et cette machine toute puissante va logiquement décider, dans notre société capitaliste ultra-concurrentielle, que la plupart des salariés sont inutiles, puisque l’IA accomplit les tâches, même matérielles, beaucoup plus vite et à moindre frais, sans vacances, ni deuxième pilier, ni maladies du lundi.

Surtout elle permet, voire elle oblige l’individu, à se défaire de ses responsabilités : «Je n’y peux rien, puisque c’est la machine qui décide.» Et cela s’applique déjà aux aspects les plus variés de l’existence. Par exemple, vous laisserez l’IA décider si vous devez demander le divorce, après une analyse implacable du problème – des sites en lignes offrent cette opportunité. L’IA attachée à votre poignet vous dira si vous dormez mal, ce qui est le plus sûr moyen de très mal dormir.

Aucun métier n’est à l’abri

Un jour pas si lointain, l’IA remplacera les juges. Logique, puisqu’elle maîtrise la totalité du droit et de la jurisprudence, particulièrement touffue comme l’on sait. Sur ce plan-là du moins elle sera littéralement infaillible, qualité à laquelle aucun magistrat humain ne peut prétendre.

Cette infaillibilité même rendra les procédures de recours sans objet. Quelle économie…

Et pourquoi ne remplacerait-elle pas les politiciens, parfois mal avisés, ou peu compétents, ou corrompus ?

Parce que l’IA, forte d’une masse de données énorme et qui croît de manière exponentielle, va rapidement être en mesure de remplacer l’humain dans la plupart des domaines d’activité. Déjà, dans le monde agricole, des machines travaillent toutes seules dans les champs, au centimètre près, réagissant à des capteurs qui leurs indiquent leur tâche, au moment le plus opportun; dans le domaine militaire, les applications sont déjà nombreuses – plus personne ne devra assumer la responsabilité d’un massacre de civils par exemple, puisque c’est la machine qui décidera où faire tomber les drones.

Pratiquement aucune profession n’échappera à l’IA, à part peut-être les femmes de ménages dans les hôtels, dont certains n’ont déjà plus de personnel d’accueil. On le voit aujourd’hui, l’IA tend à remplacer les médecins, les enseignants, les avocats, les journalistes, les banquiers et même, nous le verrons dans un prochain article, les acteurs culturels.

En un mot comme en cent, les humains que nous sommes vont devenir inutiles au bon fonctionnement de la société, leur métier obsolète, leurs compétences vraiment navrantes face à l’omnipotence de l’IA.

Et puisque nous ne serons plus capables de rien, nous ne serons plus responsables de rien non plus. Contraints ou consentants, nous aurons cédé notre libre-arbitre et nos responsabilités à la machine, et finalement constaté notre inadéquation au monde qui vient, un monde «parfait» administré par une intelligence artificielle infaillible et dépourvue de la moindre faiblesse humaine – autrement dit, de toute humanité.

À cet égard, on se demande que dire à nos jeunes ? Acquérir une formation ? Apprendre des langues ? Si vous posez la question à l’IA, elle vous répondra: «A quoi bon, puisque je suis là ?».

Article no 2/2 : Savoirs et culture, la guerre est déclarée

Le 6 août 2024.

Comment définir le conservatisme en politique ? – Avec des idées de Roger Scruton

Sur Romanvie.ch nous allons dans cet article essayer de définir le conservatisme ainsi que le néo-conservatisme, en fonction de notre vision du monde (worldview en anglais ou le fameux Weltanschau en allemand) ou cosmovision. La première chose est que pour nous le conservatisme est un concept plutôt positif et la deuxième chose est que la définition peut évoluer avec le temps mais si possible relativement peu. Il faut aussi distinguer des différences entre le conservatisme dans une définition anglaise (américaine, britannique) par rapport à une définition plus européenne continentale (France surtout, voire en Italie). En français, le terme conservatisme a souvent une connotation négative, c’est moins le cas en anglais. 

En opposition au progressisme
Le conservatisme s’oppose au progressisme – aux Etats-Unis appelé aussi libéralisme (mais attention en Suisse le libéralisme est plus proche de la droite que de la gauche), comme la droite s’oppose à la gauche. Souvent le conservatisme et la droite sont liés comme c’est le cas aux États-Unis avec le parti Républicain, au Royaume-Uni avec justement le parti conservateur ou en Italie avec actuellement la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni. Mais en Suisse le parti de droite PLR a plutôt tendance à se définir comme un parti progressiste, même si au fond il est plutôt un parti conservateur en tout cas sur l’économie. Le Centre se présente surtout comme un parti du centre ou de centre-gauche mais conservateur, ou légèrement conservateur, avoir abandonné le terme chrétien du terme n’est pas très glorieux (avant appelé PDC). Cela dit, certains journalistes notamment de Forum (émission phare de la RTS) qualifient les politiciens du Centre de politicien de droite. En France le conservatisme peut dans un sens être incarné par le Rassemblement National (RN).
Il est toutefois rare de voir une vraie gauche ou extrême gauche conservatrice.
A la Cours suprême américaine, on voit souvent un conflit clair entre les 9 juges progressistes et conservateurs.

Quelques définitions possibles du conservatisme 
– Un mouvement politique qui valorise les traditions comme des institutions différentes des seuls pouvoirs politiques comme la monarchie, l’armée ou les églises. Il y a aussi une vraie allergie au communisme (marxisme notamment).
– Un mouvement politique qui valorise le passé. Les choses sont comme cela pour de bonnes raisons, même si ces raisons sont oubliées ou dures à discerner.
Remarque : l’intellectuel G.K. Chesterton écrivait en 1908 dans son livre Orthodoxy de façon critique que le conservatisme était la “démocratie des morts”.
– Un mouvement politique capable de dire stop au moment où personne n’a envie d’ “arrêter la machine”.
– Un conservateur n’idéalise pas le passé (comme le fait un réactionnaire) et n’idéalise pas le futur (comme un communiste).

Qui sont les intellectuels conservateurs ?
Récemment on peut citer notamment l’Anglais Roger Scruton (1944-2020). Dans l’un de ses livres sur le conservatisme (A Political Philosophy : Arguments for Conservatism) paru en 2006, il fait référence à de nombreux penseurs conservateurs, notamment anglais, américains, allemands ou français. Le penseur probablement le plus important est le Britannique (Irlandais pour être précis) Edmund Burke avec son livre “Reflections on the Revolution in France“, considéré comme le texte fondateur du conservatisme moderne, comme l’écrivait The Economist en septembre 2020. M. Burke rejetait le culte au progressisme, pensé notamment par les Illuministes, un courant de pensée philosophique et religieux qui se développe au XVIII e siècle en Europe et qui se fonde sur l’idée d’illumination (ex. Voltaire). Pour lui la Constitution d’un pays ne pouvait pas se fonder d’idées inédites comme c’était le cas en France. Mais un ensemble de lois doit se baser sur une tradition, c’est-à-dire une expérience accumulée pendant des siècles. L’idée est de “conserver” les meilleures idées produits par une société. M. Burke était favorable à la liberté de commercer, à la propriété privée et au droit d’héritage.
Un autre intellectuel conservateur de la fin du 20ème siècle est l’Américain Allan Bloom qui a publié en 1987 un livre très influent : The Closing of the American Mind (voir un résumé sur YouTube en anglais de ce livre).
Parmi les intellectuels vivants, le Canadien Dr. Jordan B. Peterson est probablement le plus célèbre en 2024.

Le “reactionary nationalism”, est-ce du conservatisme ?
Le “reactionary nationalism” (nationalisme réactionnaire) qui défend pour simplifier la souveraineté nationale et se rapproche d’une forme de racisme (certains pensent au RN, d’autres non) ou en tout cas de préférence nationale n’est pas véritablement du conservatisme ou en tout cas pas forcément. Pour le magazine The Economist du 6 juillet 2019, le “reactionary nationalism” est une menace au conservatisme, en tout cas le classique (un conservatisme plus de classe sociale avec des valeurs fortes comme la religion chrétienne ou l’armée).
En français, le terme réactionnaire signifie aussi une envie de retour à la monarchie, celle d’avant la Révolution. C’est-à-dire une envie de détruire la démocratie. En France, le mouvement réactionnaire a été conceptualisé et rêvé au 19ème siècle par le philosophe Joseph de Maistre qui voulait notamment que le chef suprême soit le Pape et instaurer de facto une théocratie.
Le terme réactionnaire, en tout cas en français, est presque toujours une insulte et il est associé au radicalisme (dans le sens d’extrémisme).

Quels sont les grands médias conservateurs ?
De loin, le média ou journal conservateur sérieux le plus influent au monde est le Wall Street Journal, basé à New York. Le magazine anglais de référence mondiale The Economist peut aussi parfois être considéré comme un journal conservateur, en tout cas libéral dans une définition française.
Fox News est le média conservateur le plus influent au monde mais il est moins sérieux ou objectif que le WSJ. Pour certains comme The Economist, Fox News serait plus du pseudo-conservatisme en étant plus du “reactionary nationalism” (lire paragraphe ci-dessus). En France, Le Figaro est le journal conservateur le plus important et influent, cela reste toutefois un conservatisme plus léger que le WSJ ou surtout Fox News. En Suisse romande, il n’existe aucun média de référence classé conservateur, sauf des blogs ou très petits médias. La famille qui possède en grande partie ces médias, Murdoch, possède des médias conservateurs également au Royaume-Uni (ex. The Sun) et en Australie.

Est-ce qu’il y a des think tanks conservateurs ?
On peut citer à Washington DC le think tank Ethics & Public Policy Centre.

Le conservatisme est-il tendance en 2024 ?
Oui (et non). Oui, on l’a vu avec les élections européennes en juin 2024. L’Australie a renouvelé mi-mai 2019 un gouvernement conservateur, appuyé par les médias de la famille Murdoch, mais en 2022 ce leader australien n’était plus au pouvoir. En Italie, il y a actuellement un gouvernement conservateur (Meloni). Mais non, car par exemple les États-Unis n’ont plus de gouvernement conservateur même si Donald Trump pourrait gagner en novembre 2024. Le Brésil a abandonné en 2022 un gouvernement conservateur (Bolsonaro).
Bien sûr, de nombreuses personnes s’opposent au conservatisme, notamment les socialistes et de plus en plus les écologistes.

Est-ce que le conservatisme peut mener au nazisme ou fascisme ?
Oui, c’est évident et inutile de le nier. Tout comme la gauche peut devenir communiste (marxiste). C’est pourquoi le conservatisme doit être cadré et étudié comme le fait ce site. Par exemple un média conservateur (ou parti politique) qui se respecte pourra être contre le mariage homosexuel mais si on se réfère aux valeurs du christianisme (comme Romanvie.ch) il est hors de question d’avoir de la violence, même verbale, contre la communauté homosexuelle. Il est donc important de poser des limites. À l’inverse si un média conservateur est contre le droit à l’avortement (IVG) il doit être respecté de la part des médias progressistes ou libéraux, ce qui n’est souvent pas le cas en tout cas en France ou Suisse romande.

Les évangéliques sont-ils responsables en Occident du retour du conservatisme ?
Probablement oui, mais c’est plus complexe qu’une simple relation causale, cela dépend aussi des pays. Le conservatisme en Occident rassemble beaucoup de chrétiens, mais pas seulement.
Par exemple au Brésil au premier tour de l’élection présidentielle en 2018 environ 46% ont voté pour le candidat conservateur Bolsonaro, or il y a entre 30 et 35% d’évangéliques au Brésil. Cela signifie qu’une partie importante des catholiques ou athées ont voté pour le candidat conservateur. Aux États-Unis aussi, même si 80% des évangéliques qui ont voté en 2016 ont donné leur vote à Trump mais avec 25% d’évangéliques aux États-Unis ce n’est pas suffisant pour avoir une majorité même de Grands Électeurs. Cela signifie notamment que des catholiques, des athées et voire des protestants dits historiques ont apporté leur vote à Trump. On peut toutefois dire que sans les évangéliques, en tout cas sur le continent américain, ce mouvement ne pourrait probablement jamais atteindre des majorités.

Est-ce que les conservateurs sont moins bien formés que les libéraux/progressistes ?
La réponse est probablement oui mais les choses peuvent être plus complexes. Par exemple en Suisse (UDC) ou aux États-Unis (Républicains) l’électorat conservateur est probablement moins formé (ex. diplômés de l’université) et représente surtout la classe moyenne et la classe populaire.

Est-ce que les conservateurs sont moins ouverts que les libéraux/progressistes ?
Les psychologues politiques font remarquer que les libéraux sont en général plus ouverts que les conservateurs pour de nouvelles expériences comme la nourriture ou un voyage à l’étranger, comme le relevait le magazine anglais The Economist dans son édition du 8 juillet 2019.

Quels sont les grands thèmes des conservateurs ?
– La responsabilité ou devoir, c’est probablement le thème le plus important dans le conservatisme. On a des droits mais aussi des responsabilités. Par exemple j’ai le droit de toucher des indemnités chômage, mais j’ai le devoir de travailler si j’en ai la capacité.
– La famille, si possible formée par un papa et une maman avec une sexualité si possible plutôt contrôlée (pas de promiscuité). Pas de GPA légalisée. Mais on a aussi des gays ou lesbiennes conservateurs, donc ce point est moins important en 2024. Un concept important dans le conservatisme est la notion de hiérarchie, que cela soit au niveau familial, régional, cantonal ou national à travers diverses institutions.
– Une immigration contrôlée notamment par rapport aux immigrants non chrétiens.
– Des frontières clairement identifiées. Le conservateur a besoin de repères, mettre les choses dans des boîtes (pour résumer). L’ordre est un concept fondamental.
– Des minorités qui n’imposent pas à la majorité leurs visions du monde. Par exemple les vegans n’ont pas à imposer leur alimentation à toute l’humanité, si une personne veut manger de la viande elle peut. On revient à la notion de droits et libertés. Forte critique de la doctrine woke.
– Un état faible, des impôts le moins élevés possible. Les conservateurs ont une certaine méfiance avec un état trop centralisé (ex. Berne, Washington) et préfère le pouvoir au niveau régional (cantons, états, province).
– Une liberté religieuse totale (en lien avec le 2ème Amendement de la Constitution américaine, Constitution suisse).
– Une politique restrictive sur la drogue (pas de libéralisation des drogues).
– Une interdiction ou forte restriction de l’avortement (IVG).
– Forte responsabilité personnelle. Dans ce cas il s’agit d’un point commun avec le libéralisme.
– L’influence du christianisme, il peut être protestant, évangélique, catholique ou orthodoxe en fonction de la sensibilité de chacun. Fox News ou The Wall Street Journal dans leurs éditoriaux ont par exemple une sensibilité principalement évangélique/protestante et parfois catholique ou juive (orthodoxe modéré).
– Opposition au suicide assisté comme EXIT en Suisse.
– Peu d’intérêt pour les thèmes LGBTQUIA+. Critique des théories de genre (ex. contre écriture inclusive). Forte critique de la doctrine woke.
– Une école qui enseigne des valeurs, notamment du conservatisme.
– Ne pas critiquer des sports comme populaire comme le football, qui incorporent aussi de vraies valeurs (victoire, travail) comme on peut l’observer par exemple lors de la Coupe du Monde de football.

Libéralisme
Si on parle du libéralisme ou progressisme, d’où viennent les intellectuels ?
Il est plus ou moins évident que beaucoup d’intellectuels libéraux ou progressistes sont juifs vivant notamment sur la côte est américaine voire au Royaume-Uni, en France ou Israël, comme par exemple Chomsky ou Steven Pinker de l’université d’Harvard. En France BHL est un important penseur libéral. Ils sont bien sûr des juifs libéraux et pas des juifs orthodoxes ou conservateurs. Les juifs conservateurs sont en général et par définition plus alignés avec les chrétiens conservateurs.
Harari est aussi un grand intellectuel israélien qui vend des centaines de milliers de livres à travers le monde pour soutenir ses thèses libérales : athéisme, progrès de l’humanité, écologie.
Remarque importante : comme évangélique conservateur, je n’ai rien d’antisémite, au contraire. Ici je cite seulement des faits.

Qu’est-ce que le néo-conservatisme ?
Il s’agit simplement d’un mélange entre le libéralisme économique et le conservatisme sociétal (thèmes de la famille, lire ci-dessus). Les Républicains américains sont souvent des néo-conservateurs (les fameux neocons – pas très joli en français bien sûr). Il semble qu’en France, le programme d’Eric Zemmour soit proche du néo-conservatisme.

Mots-clés du conservatisme (idée de Xavier Gruffat, citer la source en cas d’utilisation) : 
Responsabilité, hiérarchie, ordre, devoirs, famille, communauté, foi, structure, christianisme, tradition, armée, service.

Article mis à jour le 19.06.2024. Par Xavier Gruffat. Sources : The Economist, The Wall Street Journal, livres sur le conservatisme, chaîne YouTube de l’historien et intellectuel brésilien Leonardo Karnal, magazine brésilien Superinteressante (édition de septembre 2022).

Cette page sur notre média brésilien: Como definir o conservadorismo na política? – Com ideias de Roger Scruton

L’hypothèse de Dieu – critique sérieuse de l’évolution (intelligent design)

De plus en plus d’intellectuels sérieux à travers le monde, souvent diplômé des prestigieuses universités anglo-saxonnes comme Oxford, Cambridge ou Harvard remettent en cause certains éléments de l’évolution darwinienne et pensent que Dieu ou un grand architecte a créé le monde. Le célèbre journaliste britannique Piers Morgan a interrogé en 2024 le scientifique et philosophe américain Stephen Meyer, diplômé entre autres de la très prestigieuse université anglaise de Cambridge. M. Meyer est ouvertement croyant. Il a publié un livre en 2021 appelé : Return of the God Hypothesis: Three Scientific Discoveries That Reveal the Mind Behind the Universe, en français : Le retour de l’hypothèse de Dieu : Trois découvertes scientifiques qui révèlent l’esprit derrière l’univers. M. Meyer est une voix critique des scientifiques matérialistes. Il est un adepte du mouvement qualifié de design intelligent (intelligent design en anglais). Cette théorie cherche à résoudre l’équation posée par le philosophe grec Aristote sur la première cause non causée. Pour le design intelligent, cela ne peut être qu’un Dieu éternel et pas l’univers (éternel) comme Aristote le pensait ou le néant (nihilisme) des athées.

Romanvie.ch vous résume les principaux points à retenir de cette vidéo en anglais :
– En 2016, une conférence à Londres tenue par la Royal Society a tenu un séminaire de scientifiques qui n’étaient pas satisfaits des théories sur l’évolution de Darwin et des néo-darwinistes. Il y a clairement un peu d’eau dans le gaz… Le problème est qu’on ne sait pas expliquer l’apparition de la vie sur la terre (première cellule). Par exemple au niveau de fossiles qu’on dispose, on voit l’apparition dans l’histoire d’animaux comme les oiseaux de façon subite, sans une apparition darwinienne évolutive. Toutefois, M. Meyer reconnaît que des micro-évolutions peuvent et ont existé.

– Dans son livre (Return of the God Hypothesis: Three Scientific Discoveries That Reveal the Mind Behind the Universe), il avance justement 3 découvertes scientifiques qui révèlent l’existence de Dieu.
La première est le Big Bang, car il faut un Dieu pour créer cet univers (ndlr. résoudre l’équation ou le problème d’Aristote sur la première cause non causée). Le problème des athées est qu’ils n’arrivent pas expliquer ce qu’il y avait avant le Big Bang. Un monde créé ex nihilo ou avec une singularité (jargon scientifique) doit donc nécessiter un Dieu créateur, surtout si l’univers a eu un début (à la différence d’Aristote comme on l’a vu qui pensait que l’univers n’avait pas de commencement et de fin, que l’univers était éternel). Les athées ou matérialistes n’arrivent pas à expliquer la création de la matière, sans invoquer une cause externe. Pour les théistes ou Chrétiens, Dieu est en dehors du temps et de l’espace. Les athées utilisent parfois la théorie des multivers, mais cela n’explique pas ce qu’il y avait avant les multivers ou univers multiples. Dans la théorie des multivers, notre univers “a gagné à la loterie”, nous n’existons pas à cause du fine tuning (lire ci-dessous) mais par pur hasard.

– Une cellule humaine, même “simple”, est en fait extrêmement complexe en étant comme une petite usine microbiologique. L’ADN est aussi d’une très grande complexité, rappelons que l’ADN code pour les protéines. Pour les athées, cette première cellule est un pur hasard. Mais pour M. Meyer et d’autres adeptes du design intelligent, un Dieu créateur a dû imaginer cette cellule originale, à l’origine ensuite de la vie sur terre.

– Le fine tuning (réglage fin) est très important pour M. Meyer, car seulement quelques constantes dirigent ou constituent l’univers. Si ces constantes sont mal réglées, l’univers serait impossible. Autrement dit, il faut un Créateur.

– Perdre un être cher, M. Meyer a perdu sa mère, mène à des questions très profondes pour chaque être humain.

– Notre libre choix, une théorie développée notamment par St Augustin (ndlr. puis Calvin), aide à mieux comprendre pourquoi le mal existe sur terre. Nous avons cette liberté de faire le bien ou le mal. En créant des êtres humains avec le libre choix, cela augmente les possibilités du mal mais aussi du bien. Autrement dit, nous ne sommes pas des robots. C’est un risque divin qui valait la peine.

– M. Meyer est assez critique sur les extra-terrestres, malgré le nombre gigantesque de galaxies.

– Le but ou le sens de la vie est d’entrer en relation avec les êtres humains (ou animaux) créés par Dieu.

Crédit photo Adobe Stock (payé par Romanvie.ch)

Article mis à jour le 8 juin 2024. Par Xavier Gruffat (pharmacien dipl. EPF Zurich). Xavier Gruffat est bilingue avec l’anglais et a pu traduire et adapter cette vidéo.

Sondage – Le 75% des Suisses ne s’intéressent pas au langage inclusif (non sexiste)

ZURICHSeul un quart de la population suisse estime que le débat sur le langage non sexiste est important. De même, peu de gens y font attention au quotidien. Parallèlement, des termes comme “tête de nègre” sont toujours largement répandus.

La question de l’égalité des sexes et le débat autour des notions de “cancel culture” et de “woke” ne semblent intéresser qu’une petite minorité de personnes en Suisse. Selon un sondage publié lundi par Tamedia et 20 Minuten, ces thèmes sont loin de faire partie des problèmes les plus urgents pour la majorité des Helvètes.

Seuls 18% des personnes interrogées considèrent l’égalité comme le problème le plus important et seulement 13% pour le sujet de la “culture de l’effacement” et du “woke”. En revanche, les coûts de la santé, la prévoyance vieillesse ou les changements climatiques figurent en haut du tableau des préoccupations. A 28%, les femmes considèrent l’égalité comme plus urgente que les hommes (10%).

Sondage - Le 75% des Suisses ne s'intéressent pas au langage inclusif (non sexiste)

Langage non sexiste peu accepté

Le débat sur le langage non sexiste ne fait pas non plus partie des priorités des personnes vivant en Suisse. Il s’agit de l’utilisation de formes d’écriture qui incluent également les femmes et les personnes non binaires.

Seuls 23% les considèrent comme importantes ou plutôt importantes. Ici aussi, les femmes (27%) sont nettement plus nombreuses que les hommes (14%) à se préoccuper de cette thématique. En résumé, une petite minorité des personnes interrogées (24%) veille à un langage respectueux des genres. Les trois quarts ne s’en préoccupent pas ou plutôt pas.

L’utilisation d’un langage respectueux de l’égalité des sexes dans les médias ou lors d’interventions publiques est mieux acceptée: 30% y sont tout à fait ou plutôt favorables. Mais 68% des Suisses rejettent totalement ou partiellement un langage respectueux de l’égalité des sexes, dans ce domaine également.

Le masculin générique priorisé

La situation est pratiquement la même dans le monde du travail et dans la vie quotidienne privée: seuls 22% sont favorables à l’utilisation d’expressions non sexistes, 75% les rejettent partiellement ou complètement.

La moitié des personnes interrogées utilisent toujours ou souvent le masculin générique, c’est-à-dire la forme masculine pour désigner des personnes ou des professions, même s’il ne s’agit pas uniquement d’hommes. Même chez les femmes, ce chiffre s’élève à 45% (54% chez les hommes). Cette forme est rarement ou jamais utilisée chez 25% des femmes et 15% des hommes.

“Mademoiselle” de moins en moins usité

Parallèlement, des termes problématiques sont loin d’avoir disparu du langage courant. 46% des personnes interrogées disent encore souvent parler de “tête de nègre” et considèrent que ce terme n’est pas problématique. Le 18% des sondés n’utilisent ce mot que dans un contexte particulier.

L’expression “pays du tiers-monde” ne choque pas le 60% des personnes interrogées. Idem à 74% pour le mot “infirmière” et à 73% pour “hôtesse de l’air”, deux termes désignant des professions encore considérées comme “féminines”.

En revanche, le terme “Mademoiselle” n’est plus utilisé que par un quart des sondés et celui de “yougo” que par 19% de la population helvétique.

Selon l’enquête, les hommes utilisent en général plus souvent ces expressions et les considèrent comme moins polémiques que les femmes. Ces termes font moins débat à la campagne que dans les villes, précise l’étude.

L’enquête a été réalisée fin mars en collaboration avec l’institut Leewas auprès de 30’754 personnes de toute la Suisse, avec une marge d’erreur de +/- 1 point de pourcentage.

Le 22 mai 2023. Source : Keystone-ATS (Romanvie.ch est client de l’agence). Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay

131 mots français utilisés par les Américains et Anglais

CONTENU EXCLUSIF SUR ROMANVIE.CH
Nous les francophones utilisons beaucoup de termes anglais lorsqu’on parle ou écrit le français, probablement trop, mais il est intéressant de noter que les Américains et Anglais utilisent aussi des mots français, parfois de façon surprenante en oubliant dans certains cas l’accent (notamment grave ou aigu), rappelons qu’en anglais il n’existe en théorie pas d’accents. Ces mots français sont surtout utilisés à l’écrit, moins à l’oral ou alors avec une prononciation bien différente du français. On peut lire ces mots français ou expressions – parfois écrits en italique – dans des journaux, magazines ou livres. On dirait que l’herbe du voisin est toujours plus verte ailleurs ? Le français, c’est chic. N’oublions pas non plus que de très nombreux mots français et anglais ont une origine latine ou grecque (le latin s’est beaucoup inspiré du grec). Tout en bas de page, comme bonus, découvrez aussi des mots allemands et italiens utilisés par les Anglo-saxons. 

Ci-dessous découvrez une liste de mots ou de courtes expressions français lus dans des grands journaux anglo-saxons (ex. The New York Times ou The Wall Street Journal), magazines (ex. The Economist, média probablement le plus influent au monde avec CNN), médias électroniques TV ou Internet (ex. CNN) ou des livres principalement sur l’économie et le business. Cela signifie que les mots ci-dessous apparaissent en français dans un texte anglais, parfois avec des guillemets, en italique le plus souvent ou écrit normalement (cela signifie que le mot ou terme est presque accepté dans le langage courant). Comme vous le verrez les expressions mélangent souvent le français à l’anglais (ex. en route for). Une utilité pour un journaliste ou écrivain de langue anglaise d’utiliser un terme en français est probablement de renforcer son idée ou concept, comme pour mettre en gras ou en évidence. A la fin, en bonus, retrouvez aussi quelques mots allemands utilisés en anglais.

A
– a la carte ou à la carte (notez qu’en français il faut bien sûr écrire à la carte, lu dans The Wall Street Journal en janvier 2018, le contexte était un film a la carte utilisant une technologie comme Netflix, lu aussi en janvier 2020 dans le magazine Fortune les mots à la carte)
– à la small and medium business-sized business (le mot français est à la)
– abattoir (lu dans The Economist en juillet 2020, même signification qu’en français)
– absence (lu dans un livre d’économie)
– amuse bouche (entendu dans la saison à succès américaine The Office, saison 7)
– après-ski (remarque : même signification qu’en français)
– au courant (à interpréter ici plutôt et probablement dans le sens “dans l’air du temps” – la phrase était … for the more politically au courant.… lu dans The Wall Street Journal en août 2019. Mais on peut aussi l’interpréter comme “à la mode”, lu dans le Wall Street Journal en octobre 2019)
– austère ou austere (entendu dans la série à succès américaine The Office, saison 7, lu aussi austere – donc sans accent – dans une édition de The Economist de juillet 2022)
– avant-garde ou avant garde (mots utilisés dans une publicité en anglais pour une célèbre montre)

B
– barrette (à comprendre ici comme une barrette pour les cheveux, entendu dans la série à succès américaine The Office, saison 6)
– beau (lu dans The Economist en février 2021, dans un sens “mon beau”, mon partenaire, mon mari, ma femme)
– bête noire (lu dans un livre d’économie datant de 2018 et dans la biographie d’Elon Musk datant de 2023)
– bon vivant (lu dans The New York Times et dans un livre de business)
– bonhomie (lu dans The Economist en septembre 2020, veut dire : bonté du cœur, unie à la simplicité des manières)
– bourgeois manqué (lu dans un livre de business publié en 2017)
– bourgeoisie (lu dans The Economist en août et en octobre 2019)
– buffet (comme en français, buffet d’un restaurant, la prononciation est différente, [befett])
– bulletin
– buzz phrase de jour (expression entière)

C
– camaraderie (lu dans deux livres d’économie, lu dans The Economist en juin 2020 et janvier 2021, autrement dit il s’agit d’un nom plutôt courant en anglais)
– carte blanche (lu dans The Wall Street Journal en juin 2020, a la même signification qu’en français. Avoir carte blanche, pouvoir être libre dans ses choix et décisions)
– chagrin (lu sur le site/blog TechCrunch en avril 2019)
– clientele (lu sur le site Techcrunch.com en décembre 2017, notez bien que c’est écrit sans accent, en français ce serait clientèle, lu aussi dans The Economist en avril 2021)
– communiqué (lu dans The Wall Street Journal)
contours (lu en mai 2019 dans le magazine anglais de référence The Economist)
couloir – définition : couloir dans une montagne pour skier (lu dans The Wall Street Journal en février 2018)
– coup d’état ou simplement coup
– coup de grâce (entendu dans un cours de théologie d’une université d’Atlanta, Etats-Unis, via le site Coursera.org)
– crèche (lu dans The Economist en mai 2020, le sens est le même qu’en français, c’est-à-dire l'”école” pour les tous petits enfants)
– cul-de-sac (lu dans The Wall Street Journal en octobre 2017, entendu dans un film américain de 2016)

D
– debut (notez qu’en français il faudrait écrire début, lu dans The Wall Street Journal en mars 2018 et mars 2019), aussi lu ou vu debutant sur CNN en avril 2021 (il manque aussi l’accent, devrait être débutant)
– déjà-vu ou déjà vu
– démodé (lu dans The Economist en décembre 2019, le mot était écrit en italique, démodé, la signification est la même qu’en français : plus à la mode)
– dénouement (lu sur CNN)
– de rigueur (lu dans The Economist en juin 2024, le mot était écrit en italique, de rigueur)
– detour (en anglais écrit sans accent, en français ce serait bien sûr détour. Lu dans un cours de théologie, BSF, Texas. La phrase était : … a roadway detour ran you late)
– divorcée (lu dans plusieurs journaux, entendu dans des séries américaines comme The Office ou Mad Men)
– doyen (lu dans The Economist en novembre 2021)

E
– élan (lu dans The Economist en mars 2024)
– émigré ou émigrés (lu dans le Wall Street Journal en septembre 2019, l’article parlait d’émigrés vénézuéliens à Madrid, lu aussi dans le New York Times en août 2021 et dans un livre en anglais : The Greeks)
éminence grise (lu dans un livre de business : “Measure What Matters”)
– en masse (lu dans le New York Times en février 2019, le contexte était une désertion ou non en masse de soldats au Venezuela, lu aussi dans The Economist en mars 2019, mis en italique en masse)
– en passant (entendu dans une série américaine, SUITS, diffusée sur Netflix, en tout cas en 2023)
– en route for (ou simplement en route, lu dans un livre en 2018), en anglais route est aussi utilisé dans le monde de l’aviation (ex. route de New York à Boston, on peut traduire en français par liaison).
– encore (lu sur CBSNews.com en décembre 2017)
– enfant terrible (entendu dans la première saison de Mad Men, série américaine à succès)
– ennui (lu dans un livre en 2018)
– entourage (entendu dans la série à succès The Office, mots prononcés par le personnage Andrew Bernard – lu aussi dans un livre d’histoire anglais : The Greeks)
– entrée (lu dans un livre d’économie, lu aussi dans un magazine de santé américain en février 2022, Prevention, entrée était utilisé dans ce dernier cas au niveau culinaire)
– entrepôt (lu dans le Wall Street Journal du 4 mars 2023, même signification qu’en français, en général en anglais on utilise plutôt le nom de storage ou warehouse)
– esprit de corps (lu dans un livre de business : “Measure What Matters” – esprit de corps signifie loyauté)
– enveloppe
– exposé (lu sur une page Twitter d’un scientifique américain de référence, lu aussi dans The Economist en décembre 2021)

F
– facile (synonyme de easy en anglais, entendu dans un cours d’université américaine, concernant la théologie. La signification est la même qu’en français mais la prononciation est à l’anglaise, le i devenait [ai], soit [facaile])
– façade (lu en septembre 2021 dans The Economist), a la même signification qu’en français, mot utilisé dans l’article en question plutôt sous sa forme figurée)
– femme fatale (entendu sur la chaîne américaine de qualité : Smithsonian TV, veut dire ici une femme presque “diabolique”, criminelle)
– fiancee (ici sans accent) ou fiancé (lu dans un magazine américain) ou fiancée
– film noir (lu dans The Wall Street Journal)
flamboyant (lu dans un livre sur la botanique1)
– force majeure (lu sur CNN, signifie par exemple que le Covid-19 est une force majeure, par exemple envers les assureurs, donc ne remboursent pas normalement)
– francophone (lu sauf erreur, dans The Wall Street Journal en novembre 2018)

G
– gaffe (a la même signification qu’en français soit une maladresses ou bourde, lu en novembre 2020 dans le magazine anglais de référence The Economist à propos de supposées gaffes de Joe Biden)
– gauche (dans le sens maladroit, lu en avril 2019 dans le magazine anglais de référence The Economist, entendu dans un épisode de Colombo, datant du 20ème siècle)
– gourmand (entendu dans la série américaine à grand succès The Office, dans la saison 6)
– Grande Dame (lu dans The New York Times en décembre 2017 pour qualifier une journaliste quittant la chaîne HBO, notez les majuscules à Grande et Dame)
– grandeur (lu dans un dossier de théologie, BSF, société basée au Texas, lu dans un livre d’histoire anglais : The Greeks)
– grandiose (lu dans un livre d’économie datant de 2018, lu aussi dans The Economist en juin 2020)
– grimace (lu dans un livre de business)

H
– habitat (entendu sur CNN en juillet 2021, même signification qu’en français, utilisé notamment en écologie, un habitat d’un lac…)

I
– idée fixe (lu dans The Economist en novembre 2022)
– idiot-savant (lu en italique dans The Economist en juin 2020, l’article concernait l’intelligence artificielle (AI), parfois qualifiée donc d’idiot-savant)
– impasse (lu dans le Wall Street journal en octobre 2020, article concernant la politique, lu aussi dans un livre de business)
– in lieu (notez qu’en français ce serait au lieu, lu dans The Wall Street Journal en mars 2018)

J
– je ne sais quoi (expression complète, entendu dans un podcast début 2019)
– joie de vivre (lu dans un livre d’économie américain)

L
– largesse (même signification qu’en français, signifie une grande générosité. Lu dans The Economist en mars 2023)
– laissez-faire (lu dans un livre de business publié en 2017 et dans plusieurs éditions de The Economist comme en août 2019, septembre 2021 ou mars 2023. C’est un terme du jargon économique, par exemple le Texas a une politique économique de laissez-faire, c’est-à-dire avec peu d’intervention étatique)
– lèse-majesté (“an act of lèse-majesté”, lu en mai 2019 dans le magazine anglais de référence The Economist)

M
– malaise (lu dans The Wall Street Journal en novembre 2017 et juillet 2020, lu aussi en juillet 2019 dans The Economist)
– Mardi Gras ou mardi gras (lu dans plusieurs journaux comme le Wall Street Journal en mars 2019, mardi gras caractérise le jour du Carnaval)
– marque (lu et entendu sur la chaîne de TV CNN le 22 décembre 2020 concernant la marque Ferrari, marque a la même signification qu’en français, cela dit les Américains et Anglais utilisent plus le terme brand que marque).
– mêlée (lu dans The Economist en juin 2024. Ce mot de rugby, pourtant un sport créé par les Anglais, est utilisé par le célèbre magazine anglais The Economist. Le mot purement anglais scrum aurait aussi pu être utilisé).
– memoire (sans accent à mémoire en anglais, à comprendre plutôt comme autobiographie, par exemple les “memoires de Michelle Obama”, lu dans The Wall Street Journal en décembre 2019)
– menace (lu dans The Economist en avril 2024, même signification qu’en français)
– métier (lu dans un livre américain sur le journalisme, datant de 2013)
– menagerie (notez que le terme apparaît sans accent)
– milieu (entendu dans une émission YouTube de 2022)

N
– naïve (lu dans un livre américain des années 1930, écrit par Dale Carnegie, lu aussi dans The Wall Street Journal en février 2020)
– naïveté (lu dans un livre de business publié en 2017)
– née – par exemple Marion Cecilia Davies – née Douras January 3, 1897 – September 22, 1961 (lu sur Wikipedia)
– nuance (entendu dans un podcast en avril 2019)
– nuisance (lu dans The Economist en février 2021 et en avril 2024, même sens qu’en français, par exemple un pouvoir de nuisance)

O
– oeuvre (lu dans The Wall Street Journal du 22 septembre 2020, concernant un article sur le chanteur Sufjan Stevens – His oeuvre includes everything from…).

P
– par excellence (lu dans un livre de business : “Measure What Matters”)
– parvenu (lu dans The New York Times en avril 2019, on parle ici d’une personne ou individu, one parvenu, lu aussi dans The Economist en avril 2021, phrase dans un article sur le vin “…parvenu vintages from America’s West coast”)
– passé (lu dans The New York Times) – de façon un peu ironique les Américains utilisent parfois le terme passé et nous le terme has-been.
– petite (lu dans un livre de business de référence, la phrase était petite nose, donc petit nez, on note à tort en anglais le féminin à petite)
– personnel (écouté dans la série américaine à succès The Office, my personnel, comme en français correspond aux employés d’une entreprise)
– pied-a-terre ou pied-à-terre (lu sur un site Internet d’immobilier, notez qu’en français on écrit avec un accent soit pied-à-terre, mais aussi lu une fois en anglais écrit ainsi Pied-à-Terre ou correctement pied-à-terre dans le Wall Street Journal en juin 2020, lu dans un livre sur le journalisme datant de 2013)
– pièce d’art (lu dans un livre de business sorti en 2018)
– piste, dans le mot off-piste skiing ou hors-piste (lu dans The Economist en janvier 2021, dans un article en référence au ski hors-piste)
– plaque (entendu dans la série The Office de NBC, plaque commémorative ex. après avoir gagné à un concours)
– plateau (plateau peut être une notion de géographie comme le plateau tibétain, lu dans The Economist en juillet 2020, cela peut être aussi le plateau d’une courbe, par exemple lors de la pandémie de Covid-19)
– plausible (lu dans The Economist en février 2023, même signification qu’en français, veut dire possible)
– poignant (lu dans The Wall Street Journal en novembre 2021)
– prairie (lu dans The Wall Street Journal en janvier 2020, lu aussi dans The Economist en juillet 2020)
– prêt-à-porter (terme utilisé dans le monde de la mode)
– protégé (lu dans The Wall Street Journal en 2018 et 2020, également au pluriel, protégés- Entendu aussi dans la série américaine à succès The Office)
– provocateur (lu dans The Economist, une édition de janvier 2019, dans un article à propos du président brésilien Bolsonaro)

R
– raconteur (lu dans un livre américain des années 1930, écrit par Dale Carnegie, lu dans un autre livre de journalisme en 2013)
– raison d’être (lu dans un livre de business publié en 2017)
– reconnaissance (lu sur le site CNN.com, en mai 2022)
– rendezvous (lu dans le Wall Street Journal, rendezvous d’astronome sur la station internationale, fin mai 2020)
– repertoire (lu dans un célèbre livre de business et développement personnel, notez que l’auteur ne mentionne pas l’accent sur le premier e, répertoire, il faut comprendre le terme repertoire au sens artistique, ex. le repertoire d’un chanteur ou écrivain).
– reservoir (on constate que le mot est écrit sans accent, en français on écrit réservoir, on peut par exemple entendre ce mot dans la très célèbre chanson de Bruce Springsteen, The River)
– resistance (sans accent, mot utilisé en anglais dans un contexte révolutionnaire, lu dans The Wall Street Journal en septembre 2018)
– resume ou résumé (lu dans des livres et journaux, attention en anglais résumé signifie CV)
– reveries (lu dans le livre Gatsby le Magnifique ou The Great Gatsby, on peut noter qu’il manque le ^, sur l e, cela devrait être rêveries)
– route (lire sous En route ci-dessus, sous lettre E)
– risqué (lu notamment dans un communiqué de presse d’une étude scientifique, sur le site Eurekalert.org ou dans The Economist en septembre 2018)

S
– sans (lu dans le magazine de santé américain Prevention, en juillet 2020, cela veut dire without, on pouvait lire : sans spleen, au lieu d’écrire without spleen, ils ont écrit sans spleen (spleen voulant dire la rate, un organe du corps humain)).
– savoir faire (lu en italique dans The Economist, en juin 2020)
– siege (entendu dans une série américaine, SUITS, en français on devrait écrire siège. En anglais des Etats-Unisk on pronce sige)
– solitude (lu dans The Economist, en janvier 2021)
– sommelier (lu dans le Wall Street journal en octobre 2020, article concernant la crise dans les restaurants suite à la Covid-19)

T
– tableau ou au pluriel tableaux
– tirade (entendu dans une vidéo en anglais du Canadien Jordan Peterson, vidéo de 2018)
– tour de force (lu sur le compte Twitter du célèbre médecin américain Eric Topol mais aussi fin 2018 sur le blog de Bill Gates)
– triage (terme utilisé comme en français par exemple pour le triage de patients à l’hôpital, entendu sur CNN en mars 2020)

V
– voilà
– vis-à-vis (ou vis-a-vis) (entendu dans un cours d’université américaine, via Coursera.org, lu dans un livre de business)
– voyage (lu notamment dans un document de théologie, BSF, Texas)

Et aussi, des mots proches du français mais avec une orthographe légèrement différente :

C
– connoisseur (en français on écrit bien sûr connaisseur, par exemple un connaisseur -quelqu’un qui connaît – de musique)

Q
– quarantine (en français on écrit quarantaine, donc en anglais le i a disparu, la signification est la même, par ex. : “Un patient souffrant du coronavirus mis en quarantaine”)

Faux-amis
C
– college (ne veut pas dire collège comme en Suisse avec enseignement pour les enfants, mais veut dire université)

Bonus 1 : mots allemands utilisés en anglais des Etats-Unis ou du Royaume-Uni : 
B
– blitzkrieg (guerre éclaire, terme utilisé dans The Economist en novembre 2021)
E
– ersatz (signifie remplaçant, lu dans un livre américain paru en 2018)
K

– kindergarten (signifie jardin d’enfants, le mot aurait été introduit aux Etats-Unis par une allemande installé dans le Wisconsin)
M
– Mittelstand (représente des PME, en général allemandes, mais aussi du Middle West américain en main familiale transmises de générations en générations, comme mentionné dans un article de The Economist paru en juillet 2020).
W
– wanderlust (signifie “plaisir de voyager”, lu dans The Economist en octobre 2021, sur un article concernant les nomades digitaux).
– wunderkind (signifie “enfant génial”, lu dans The Economist en mai 2020 dans un article sur le politicien italien Luigi Di Maio, âgé de 33 ans en mai 2020).
Z
– Zeitgeist (air du temps)

Bonus 2 : mots italiens utilisés en anglais des Etats-Unis ou du Royaume-Uni : 
G
– “gattopardismo” (provient du livre publié pour la première fois en 1958 et du film “Le Léopard” datant des années 1960 avec Burt Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale, en italien “Il Gattopardo” ou en anglais “The Leopard” de l’écrivain italien Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Tancredi, l’un des héros du livre (dans le film joué par Alain Delon) affirme “Si nous voulons que les choses restent les mêmes, tout doit changer”. Le concept “gattopardismo” signifie donc embrasser le changement pour le neutraliser ou au moins le contrôler, comme l’explique The Economist en mai 2020.)

Page mise à jour le 18 août 2024. Ecrit par Xavier Gruffat.

Lire aussi : les faux-amis entre le français et l’anglais