SAO PAULO – Le néo-conservatisme, une politique conservatrice sur les valeurs (proche du christianisme dans les pays chrétiens) et libérale sur l’économie, est en forme au Brésil. En effet, deux ministres importants du président brésilien Jair Bolsonaro sont proches de cette idéologie. Il y a bien sûr le ministre Paulo Guedes provenant de la fameuse école de Chicago (Université de Chicago), à la base de nombreux Prix Nobel d’économie et considérée comme très libérale. La possible libéralisation de la poste brésilienne en 2021 est une preuve claire de cette politique ou encore la réforme des retraites (reforma da Prêvidencia) qui a eu lieu en 2020. Puis il y a aussi le ministre des Communications Fábio Faria proche du président qui se définit comme conservateur mais également libéral.
Dans une interview donnée en décembre 2020 au média conservateur (plus libéral que conservateur) Veja, M. Faria qui est évangélique (baptiste) veut essayer de pacifier les relations entre les 3 pouvoirs : exécutif (dont il fait partie), législatif et judiciaire. Souvent ces 3 pouvoirs sont en tension au Brésil, signe peut-être d’une saine démocratie mais problématique à la mi-2020 en pleine pandémie de Covid-19 au Brésil. Il défend le président Brésilien et affirme qu’en 2021 le gouvernement va grâce à l’aide du congrès (le fameux Centrão, un groupe soutenant en général Bolsonaro) voter des lois libérales en terme économique. Dans son agenda pour 2021 il aimerait faire passer une loi sur le homeschooling (école à la maison) et un abaissement de la majorité pénale, deux mesures qu’il qualifie de conservattrices
M. Faria est ministre seulement depuis mi-2020, son beau-père est Silvio Santos, qui est juif. M. Santos est une superstar brésilienne âgé de 90 ans et à la tête de la 2ème ou 3ème chaîne de TV du pays, la SBT (parfois la TV Record est 2ème en terme d’audience, parfois la SBT est 2ème, la première est toujours et de loin la TV Globo). Chaque dimanche soir Silvio Santos présente en prime-time un programme sur sa chaîne SBT. Marié à la fille de M. Santos, M. Faria reconnaît toutefois que l’image du Brésil à l’international sur l’environnement (écologie) n’est pas parfaite.
2022 ?
En 2022, selon M. Faria la présidence au Brésil se jouera entre Bolsonaro et la gauche comme Guilherme Boulos (arrivé 2ème au second tour dans l’élection municipale de 2020 dans la ville de Sao Paulo), Ciro Gomes ou Fernando Haddad du PT et adversaire en 2018 de Bolsonaro au second tour de la présidentielle. Il pense que les politiciens ou papables du centre droite comme João Doria (gouverneur de Sao Paulo), Sergio Moro (ancien ministre de Bolsonaro et juge qui a fait tomber la corruption au Brésil) ou encore Luciano Huck (présentateur de la TV Globo) auront de la peine à se placer au second tour en 2022. Rappelons qu’une majorité de Brésiliens a une image positive (ou en tout cas non négative) fin 2020 de Bolsonaro, selon un sondage de l’institution de référence Datafolha. Une aide d’urgence (auxílio emergencial) accordée pendant 2020 et la crise de la Covid-19 de plusieurs centaines de reais chaque mois à des millions de Brésiliens a notamment contribué à une plus grande popularité dans le Nord-Est du pays, région plus pauvre que le Sud-Est (Sao Paulo, Rio de Janeiro) ou Sud mais représentant presque 35% de la population du pays. Des votes décisifs pour 2022. Tout indique que Bolsonaro, à la différence de Trump, pourrait être une nouvelle fois élu à la tête du Brésil.
Le 26 décembre 2020. Par Xavier Gruffat. Sources : Folha de S.Paulo, Veja, CBN (radio du groupe Globo).