CHEVRILLES FR – L’UDC a dénoncé mardi la situation en matière d’asile à l’occasion d’une conférence de presse donnée pour les “200 jours du conseiller fédéral Beat Jans”, en charge du dossier. “Le chaos a pris une ampleur insupportable pour la population suisse”, estime le parti.
L’UDC a convié pour en parler la presse à Chevrilles (FR), à proximité du Centre fédéral pour requérants d’asile de la Gouglera. Les intervenants, au rang desquels son président et conseiller national schwytzois Marcel Dettling, ont déploré une “augmentation massive des cambriolages, des vols et des actes de violence”.
“Les jeunes filles n’osent plus prendre les transports en commun”, ont déploré les représentants du plus grand parti de Suisse. Selon eux, “les demandeurs d’asile pénètrent dans les maisons, les appartements et les magasins”. Et les vulgarités, le harcèlement et les interventions de la police sont devenus monnaie courante.
“La politique d’asile actuelle représente un danger pour le pays et le peuple”, a averti Marcel Dettling. “L’UDC a des solutions, des solutions du peuple”: limiter l’immigration et expulser systématiquement les étrangers criminels, notamment. Le parti vient de lancer une initiative “pour la protection des frontières”.
Pas un hasard
L’UDC Suisse n’a donc pas choisi Chevrilles au hasard. “La situation dans cette commune de la campagne fribourgeoise, qui était jadis très visible, est emblématique de la folie de l’asile qui règne dans notre pays”, a dénoncé le parti. “Son centre d’asile est devenu une charge insupportable pour la population locale.”
La Singine, seul district entièrement germanophone du canton de Fribourg, souffre “du fait que chaque année, des dizaines de milliers de migrants demandeurs d’asile arrivent en Suisse avec des bandes de passeurs criminels et sont simplement répartis dans les communes”.
Dans une réponse à une question de deux députés UDC, le Conseil d’Etat fribourgeois avait reconnu en juin dernier “une recrudescence significative de délits commis par une minorité de requérants d’asile” en 2023. Il s’agit essentiellement de mauvais comportements liés à l’incivilité, mais aussi de vols et, “dans une moindre mesure”, d’actes de violence, souligne-t-il.
Cette situation concerne l’ensemble du canton, mais principalement le Grand-Fribourg, dont ne fait pas partie le centre de la Gouglera. Les auteurs du cambriolage d’une boulangerie de Planfayon en janvier 2023, évoqué par les députés, venaient par ailleurs d’un foyer du canton de Berne, et non de celui de la Gouglera.
“Population épuisée”
L’UDC a profité de l’occasion pour stigmatiser Beat Jans. Elle s’est attaquée aux “annonces audacieuses” du ministre de justice et police, qui “n’ont pas été suivies d’effets”. Le conseiller fédéral bâlois “poursuit sans interruption le chaos de l’asile de sa prédécesseure et collègue socialiste Elisabeth Baume-Schneider”, a constaté Marcel Dettling.
“L’invasion illégale de l’asile se poursuit sans frein”, a continué le nouveau président de l’UDC, en poste depuis fin mars. “L’acceptation par la population est épuisée. Les gens attendent une réaction du Conseil fédéral et de Beat Jans”, a complété le conseiller national fribourgeois Nicolas Kolly.
La conférence de presse se tenait d’ailleurs dans la fromagerie du frère de ce dernier. Le conseiller national thurgovien Pascal Schmid a lui décortiqué les annonces de Beat Jans. Il a cité la procédure de 24 heures, qui “s’avère être un coup marketing”, et la lutte ciblée contre la criminalité en matière d’asile, “inefficace” à ses yeux.
Contacté par Keystone-ATS, le Département fédéral de justice et police (DFJP) a rejeté la critique avançant que les procédures de 24 heures pour les requérants d’asile sans réelle perspective d’asile durent au moins un mois. Les procédures durent nettement moins d’un mois. Entre mai et juin, soit depuis l’introduction de la procédure de 24 heures dans toute la Suisse, la durée a été en moyenne de douze jours.
L’année précédente, elle était de 51 jours, ce qui montre une réduction de la durée de plus de 75%. Les 24 heures se réfèrent en outre aux étapes essentielles de la procédure que le Secrétariat d’Etat aux migrations effectue dans ce délai.
Imposer ses règles
Au lieu de faire baisser le nombre de demandes, le regroupement familial est facilité, a noté Pascal Schmid. Conseillère nationale zurichoise, Barbara Steinemann a déploré quant à elle l’opacité concernant les coûts de l’asile, 3,5 milliards de francs en 2023, dans un contexte de réduction des dépenses de la Confédération.
Le DFJP a répondu que 2023 avait été une année extraordinaire en raison des Ukrainiens à protéger. Sur les 3,5 milliards, 1,3 était consacré à l’Ukraine.
Enfin, le conseiller national Gregor Rutz a présenté à la presse le nouveau document de fond de l’UDC Suisse intitulé “Bilan du conseiller fédéral Beat Jans: 200 jours d’échec”. Le texte analyse “minutieusement” causes, problèmes et échecs de la politique suisse en matière d’asile et de migration, a expliqué l’élu zurichois.
“Il manque à la fois un concept et la force d’imposer ses propres règles”, a dit Gregor Rutz. “Au lieu de réfléchir à la façon de barrer les routes migratoires, le Conseil fédéral veut signer le pacte de l’ONU sur les migrations”, a-t-il illustré. Bref, “Beat Jans ne fait pas son travail”, a résumé Marcel Dettling.
Le DFJP assure être en “contact constant” avec les partis et organisations. Il affirme tenir compte de leurs propositions lors de l’élaboration de solutions.
Le 30 juillet 2024. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).