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Le grand sociologue Max Weber avertit les Chrétiens du risque diabolique de la politique

Max Weber est pour beaucoup le plus grand sociologue de l’histoire, né en Prusse (actuellement Allemagne) à Erfurt en1864, il a fortement influencé l’Occident, y compris et surtout les pays et milieux calvinistes. Dans son livre Le Savant et le Politique, Max Weber met en garde les “vrais” Chrétiens à entrer en politique, selon lui et pour simplifier, la politique hyperviolente n’est pas compatible avec le Sermon sur la Montagne de Jésus (lire début du livre de Matthieu).

Deux conférences

Le livre Le Savant et le Politique, est le fruit en fait de deux conférences, la première appelée Wissenschaft als Beruf (Science comme métier) donnée par l’auteur le 7 novembre 1917 dans le cadre d’une série de conférences à l’Association libre des étudiants bavarois. La deuxième conférence a eu lieu en 1919, il prononça un discours sur la politique en tant que profession ou métier (Politik als Beruf). Le texte considérablement enrichi de cette conférence a été publié en juillet 1919.


Métier de politicien, puissances diaboliques

Ce qui me semble très intéressant est la partie finale de son discours de Politik als Beruf. Max Weber résume sa pensée en affirmant qu’un Chrétien (ou adepte d’autre religion) qui entre en politique doit avoir conscience de paradoxes éthiques très significatifs. Pour Max Weber, un politicien s’engage avec des puissances diaboliques (d’un point de vue plus métaphorique, avec le serpent de la Genèse, Max Weber n’entre pas dans une telle vision) qui agissent avec une grande violence. Le premier paradoxe est que la doctrine de l’amour et de la non-violence enseignée par Jésus n’est pas compatible avec la violence politique. Le règne prêché par Jésus-Christ n’était pas de ce monde. Pour Max Weber, une personne qui désire le salut de son âme ou des âmes des autres ne devrait pas choisir le chemin politique, car ici seulement la violence est possible. Max Weber fait la distinction entre 3 types de politiciens, ceux occasionnels, à temps partiels et les professionnels (Berufspolitiker, lire davantage ci-dessous). Si je comprends bien, Max Weber parle dans son livre surtout du politicien par métier, celui qui a un vrai impact sur la société. Il divise le concept de politicien professionnel en ceux qui vivent pour la politique et ceux qui vivent de la politique.

Tension très dure pour le politicien chrétien

Ce qui est à mon avis très intéressant dans l’analyse de Max Weber est son analyse presque psychiatrique. Il estime que le génie ou le démon de la politique vit dans un état de tension extrême comme le Dieu d’amour du christianisme. Le sociologique allemand relève que cette tension peut exploser n’importe quand en un conflit insoluble.

Qu’est-ce que l’État ?

Dans son essai Politik als Beruf, Max Weber a établi l’une des définitions centrales de l’État, selon laquelle l’État est “une communauté qui, sur un territoire donné, revendique (avec succès) le monopole de la violence physique légitime”. Pour que l’État puisse exister, les personnes dominées doivent se soumettre à l’autorité revendiquée. Pour M. Weber, la passion objective, le sens des responsabilités et un regard distancié sont les trois principales qualités d’un homme politique. En revanche, la plus grande faiblesse pour un homme politique est la vanité, qui fait paraître l’homme politique peu objectif et irresponsable.

Ethique, deux éthiques

Max Weber a également inventé les concepts d’éthique de la responsabilité (en allemand : Verantwortungsethik) et d’éthique de la conviction (Gesinnungsethik). Selon le sociologue allemand, tout bon politicien poursuit des objectifs supérieurs, c’est-à-dire une certaine éthique. Dans La politique en tant que profession, Max Weber se demande à la fin si un homme politique doit plutôt suivre une éthique de responsabilité (réfléchir aux conséquences de ses actes, même les accepter) ou une éthique de conviction (faire ce qui est moralement juste). Pour lui, il n’y a pas de réponse claire à cette question, car selon Max Weber, la politique se fait avec la tête, mais pas seulement avec la tête. Il en conclut que l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité ne sont pas opposées, mais complémentaires, et qu’ensemble, elles font le bon politicien (un politicien authentique). Justement, si je comprends correctement, Max Weber explique qu’un Chrétien qui entre en politique va probablement davantage suivre son éthique de conviction et deviendra “fou”, autrement dit à force de se concentrer sur le règne terrestre il n’arrivera plus travailler pour le règne céleste.


Exemples pratiques

Un exemple d’éthique de conviction (Gesinnungsethik) est l’attitude des Témoins de Jéhovah, qui refusent les transfusions sanguines et refusent catégoriquement de faire leur service militaire, même si cela met leur propre vie en danger. Une opposition à une éthique qui s’oriente principalement sur les conséquences des actions – celle-ci est appelée éthique conséquentialiste, éthique de responsabilité ou éthique de la réussite – apparaît dans les situations de décision où il existe un dilemme moral. Ainsi, dans beaucoup de pays, il est en principe interdit de mettre en balance des vies humaines.
Max Weber cite aussi la Pennsylvanie qui a voulu par les Quakers devenir un Etat n’utilisant pas la force dans ses relations extérieurs (avec autres Etats). Mais lors de la Guerre d’Indépendance américaine (1775 à 1783), les Quakers n’ont finalement pas pu participer au combat contre les Britanniques (et autres états du nord), alors que c’était pour défendre leurs idées de liberté.

3 types de politiciens

Max Weber décrit 3 types de politiciens (Gelegenheitspolitiker, Nebenberufspolitiker, Berufspolitiker). Les politiciens occasionnels (en allemand Gelegenheitspolitiker), tous ceux qui déposent un bulletin de vote ou qui expriment leur volonté politique d’une autre manière, par exemple par un discours politique ou un acte d’influence lors d’un événement politique. Les politiciens à temps partiel (Nebenberufspolitiker) sont ceux qui n’exercent leur activité politique qu’en cas de besoin et qui n’en vivent pas (en Suisse on parle aussi de politicien de milice), ni matériellement ni idéalement. Selon Max Weber, de telles personnes peuvent être des directeurs d’associations politiques de partis, mais aussi des membres de conseils municipaux ou des parlementaires qui ne font de la politique active que pendant une session. Puis les politiciens comme métier (Berufspolitiker). Nous avons discuté plus haut de ce type de politicien.

Analyse

Selon moi en 2022 dans nos démocraties libérales, on parlerait peut-être plus de pouvoir (y compris le pouvoir symbolique de Pierre Bourdieu) que de violence pure. Mais il est évident que de nombreux paradoxes mentionnés par Max Weber restent malheureusement très actuels en 2022. On peut aussi voir le verre à moitié plein pour les politiciens chrétiens, ceux-ci ne doivent pas être naïfs face à la force parfois néfaste de la politique. Comme on en a déjà parlé dans un autre article, il faut éviter d’être “mangé en entier par le serpent“, pour utiliser des concepts du christianisme plus symboliques.

Ecologie

Si on part du principe que l’écologie est le “nouveau christianisme”, il est évident que certains écologistes, comme des vrais Chrétiens, doivent en permanence être confrontés à l’envie d’un monde “parfait” et la fameuse Real Politik.

Par Xavier Gruffat. Le 8 octobre 2022. Sources : livre (traduction en portugais) : Science et politiques : deux vocations (Ciência e política: duas vocações), édition Folha de S.Paulo, Brésil. Page Wikipedia en allemand sur Max Weber.

Observação da redação: este artigo foi modificado em 08.10.2022

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